jueves, 18 de febrero de 2010

SRIMAD-BHAGAVATAM CHANT 5 CHAPITRE 13

SRIMAD-BHAGAVATAM,
Cinquième chant
L'histoire du roi Bharata.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare


SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5
CHAPITRE 13



Suite du dialogue
entre le roi Rahugana
et Jada Bharata.



RÉSUMÉ DU CHAPITRE


Le brahmana Jada Bharata fit preuve d'une grande bienveillance à l'égard du roi Rahugana; pour le détacher du monde matériel, il eut recours à un analogie dans laquelle il comparait ce monde à une forêt. Il lui expliqua que le piège de l'existence matérielle se referme sur celui qui entre dans cette vaste forêt. Il s'y trouve des voleurs de grands chemins (les six sens) et des carnivores comme les chacals, les loups et les lions (la femme, les enfants et les autres proches), qui désirent constamment s'abreuver du sang du chef de famille. Les pillards de la forêt et les bêtes assoiffées de sang s'allient pour épuiser l'énergie de l'homme qui vit dans ce monde. Il existe également un gouffre obscur, recouvert d'herbes, où l'on risque de tomber. Celui qui pénètre dans cette forêt et se laisse séduire par toutes sortes d'objets de plaisir matériel en vient à s'identifier à ce monde, à la société, à l'amitié et à l'amour matériels, ainsi qu'à la famille. Ainsi égaré et ne sachant où aller, harcelé par les animaux, il est également victime de nombreux désirs. C'est ainsi qu'il se dépense en efforts considérables, tout en errant çà et là dans cette forêt. Charmé par un bonheur éphémère, il est également affligé par ce qu'il considère comme le malheur. En fait, dans cette forêt, il ne fait que souffrir, que ce soit sous les apparences du bonheur ou du malheur. Il y est parfois attaqué par un serpent (le sommeil profond), et sous l'effet de sa morsure, il perd conscience et ne sait plus très bien où il en est quant à ses devoirs. Parfois, il s'y sent également attiré par des femmes autres que son épouse et croit alors jouir d'un amour adultère. Il doit subir les assauts de diverses maladies et de l'affliction, mais aussi de l'été et de l'hiver. Ainsi, celui qui se trouve dans la forêt de l'univers matériel connaît toutes les souffrances de l'existence conditionnée. Espérant trouver le bonheur, l'être distinct se déplace d'un lieu à un autre, mais en fait, un matérialiste plongé dans ce monde ne connaît jamais le bonheur. Constamment absorbé par des activités matérielles, il ne connaît que l'agitation et oublie qu'il devra mourir un jour. Bien qu'il souffre amèrement, il continue de soupirer après le bonheur ici-bas, illusionné par l'énergie matérielle. Il oublie ainsi complètement ce qui le relie à Dieu, la Personne Suprême. Maharaja Rahugana écouta les enseignements de Jada Bharata et y gagna de raviver sa conscience de Krsna. Il comprit que son illusion s'était dissipée et implora Jada Bharata de lui pardonner sa mauvaise conduite. Tout ceci fut raconté à Maharaja Pariksit par Sukadeva Gosvami.

VERSET 1

brahmana uvaca
duratyaye dhvany ajaya nivesito
rajas-tamah-sattva-vibhakta-karmadrk
sa esa sartho rtha-parah paribhraman
bhavatavim yati na sarma vindati

TRADUCTION

Jada Bharala, qui avait parfaitement réalisé le Brahman, poursuivit:

O roi, l'être distinct erre par les sentiers de l'univers matériel, bien difficile à traverser pour lui, et il doit naître et mourir sans fin. Subjugué par ce monde sous l'influence des trois attributs de la nature matérielle le sattva-guna, le rajo-guna et le tamo-guna, il n'a qu'une chose en vue: les trois sortes de fruits de l'action -bons, mauvais et mixtes. Il s'attache ainsi aux actes pieux, à la poursuite des richesses, à la satisfaction des sens et à la théorie moniste de la libération qu'il consiste à se fondre dans l'Absolu. Il peine jour et nuit à la manière d'un marchand qui se rend dans la forêt pour en exploiter les richesses qu'il revendra par la suite avec un bénéfice. Néanmoins, il ne peut pas vraiment trouver le bonheur en ce monde.

TENEUR ET PORTEE

Il est très facile de comprendre que la voie de la satisfaction des sens est pavée de difficultés insurmontables. Toutefois, celui qui n'en a pas conscience tombe dans le cycle des morts et des renaissances et doit successivement revêtir quantité de corps différents; l'existence matérielle le plonge ainsi dans la souffrance. Peut-être une personne croit-elle maintenant jouir de la vie en tant qu'Américain, Indien, Anglais ou Allemand, mais dans sa vie prochaine, il lui faudra revêtir un corps appartenant à l'une des huit millions quatre cent mille (8 400 000) espèces. Elle devra immédiatement accepter ce nouveau corps en fonction de son karma; elle sera contrainte d'y entrer, et il ne lui servira à rien de protester. Telles sont les lois intransigeantes de la nature. Du fait qu'elle ignore sa nature éternelle, toute de félicité, l'âme distincte s'attache à des actes matériels sous le charme de maya. Bien qu'elle ne puisse jamais connaître le bonheur en ce monde, elle n'en continue pas moins de peiner laborieusement à cette fin. Voilà ce que l'on appelle maya.

VERSET 2

yasyam ime san nara-deva dasyavah
sartham vilumpanti kunayakam balat
gomayavo yatra haranti sarthikam
pramattam avisya yahtoranam vrkah

TRADUCTION

O roi, dans cette forêt de l'existence matérielle se trouvent six pillards d'une grande puissance, et lorsque l'âme conditionnée y pénètre en quête de quelque richesse matérielle, ils lui font perdre son chemin. Aussi notre marchand ne sait-il plus comment dépenser son argent, et les pillards viennent alors s'en emparer. De même que les tigres, les chacals et les autres bêtes féroces habitant la forêt sont toujours prêts à dérober un mouton au gardien qui les surveille, la femme et les enfants du marchand pénètrent dans son coeur et le dépouillent de mille manières.

TENEUR ET PORTEE

Dans la forêt se trouvent de nombreux brigands et pillards, ainsi que des chacals et des tigres. Les chacals, qui font entendre leurs bruyants jappements au milieu de la nuit, sont comparés à la femme et aux enfants en ce monde matériel. Les enfants disent: "Papa, je voudrais ceci, donne-le-moi! Ne suis-je pas ton fils chéri?" De son côté, l'épouse dit: "Je suis ta femme chérie ; donne-moi cela, j'en ai maintenant besoin." C'est ainsi que l'on est détroussé par les brigands de la forêt. Celui qui ignore le but de la vie humaine est constamment fourvoyé; ce but consiste à atteindre Visnu (na te viduh svartha gatim hi visnum). Tout le monde travaille dur pour gagner de l'argent, mais personne ne sait que son intérêt véritable réside dans le service de Dieu, la Personne Suprême. Et au lieu de dépenser leur argent durement gagné afin de faire progresser le Mouvement pour la Conscience de Krsna, les gens le dilapident dans les boîtes de nuit, les maisons closes, les débits de boisson, les abattoirs et autres établissements du même acabit. Du fait de ses actes pécheurs, l'être vivant s'enlise de plus en plus dans le processus des transmigrations, qui le contraint à revêtir sans fin un corps après un autre. Ainsi plongé dans une situation lamentable, jamais il ne connaît le bonheur.

VERSET 3

prabhuta-virut-trna-gulma-gahvare
kathora-damsair masakair upadrutah
kvacit tu gandharva-puram prapasyati
kvacit kvacic casu-rayolmuka-graham

TRADUCTION

Dans cette forêt se trouvent d'épais fourrés de buissons, d'herbes et de plantes grimpantes. Sous cette voûte de verdure, des moustiques [les gens envieux] tourmentent sans cesse l'âme conditionnée de leurs piqûres cruelles. Tantôt elle aperçoit un palais imaginaire au fond des bois, tantôt elle est troublée à la vue d'un spectre ou de quelque esprit malin, fugace comme un météore dans le ciel.

TENEUR ET PORTEE

Le foyer matériel est en fait un gouffre d'actions intéressées. Pour subvenir à ses besoins, l'homme se lance dans diverses activités commerciales et industrielles, alors que certains accomplissent de grands sacrifices en vue d'atteindre les systèmes planétaires supérieurs. Mais d'une façon générale, tout le monde est occupé à gagner sa vie en exerçant une profession ou en se livrant à une occupation quelconque. Dans le cours de ces activités, l'homme en vient à rencontrer bien des personnes indésirables, et leur comportement est comparable à des piqûres de moustiques, ce qui crée des conditions de vie pour le moins désagréables. Pourtant, même au coeur de ces tourments, il s'imagine qu'il va construire une grande demeure pour y vivre de façon permanente, tout en sachant que c'est là chose impossible. L'or est comparé à une sorte de démon apparaissant à la façon d'un météore dans le ciel: visible un moment, il disparaît l'instant d'après. Les karmis sont généralement attirés par l'or ou l'argent,(1) mais notre verset compare ces richesses à des spectres et à des sorcières.

(1) Il ne s'agit pas ici du métal mais de l'argent en général.

VERSET 4

nivasa-toya-dravinatma-buddhis
tatas tato dhavati bho atavyam
kvacic ca vatyotthita-pamsu-dhumra
diso na janati rajas-valaksah

TRADUCTION

Mon cher roi, le marchand qui parcourt la forêt du monde matériel, l'intelligence envoûtée par le foyer, les richesses, les proches et d'autres objets d'attachement, court en tous sens pour atteindre au succès. Sa vision se voile parfois à cause de la poussière soulevée par un tourbillon de vent; ceci revient à dire qu'étant la proie de la concupiscence, il se laisse séduire par la beauté de son épouse, particulièrement au cours de ses règles. Aveuglé, il ne sait plus ce qu'il fait ni où il va.

TENEUR ET PORTEE

Les Ecritures enseignent que l'attrait exercé par le foyer repose sur la femme, car la vie sexuelle représente le centre de la vie familiale: yan maithunadi-grhamedhi-sukham hi tuccham. Le matérialiste, mettant sa femme au centre de ses intérêts, ne cesse de travailler jour et nuit. Son seul plaisir dans la vie, c'est d'avoir des rapports sexuels; voilà pourquoi les karmis s'attachent aux femmes en tant qu'amies ou épouses. A dire vrai, ils ne pourraient pas travailler si on les privait de plaisirs sexuels. La femme est comparée à un tourbillon de vent, particulièrement au cours de ses règles. Ceux qui observent rigoureusement les principes régissant la vie de famille n'ont de rapports sexuels qu'une fois par mois, à la fin des règles; et tandis que l'homme envisage cette perspective, il est charmé par la beauté de sa femme -d'où l'image du tourbillon de vent recouvrant ses yeux de poussière. Ceux qu'anime une telle concupiscence ignorent que différents devas observent tous leurs agissements matériels particulièrement le deva du Soleil, et les portent au compte du karma de leur prochain corps. Les calculs astrologiques forment ce qu'on appelle le jyoti-sastra. C'est parce que le jyoti, ou la lumière de ce monde, vient des diverses étoiles et planètes que cette branche du savoir a pour nom jyoti-sastra, ou "science des luminaires". Les calculs portant sur le jyoti permettent de déterminer notre avenir, ce qui revient à dire que tous les luminaires -les étoiles, le Soleil et la Lune- sont témoins des activités de l'âme conditionnée. C'est ainsi que chacun reçoit un type de corps particulier. Un être concupiscent dont la vision est voilée par la poussière soulevée par le tourbillon de vent de l'existence matérielle ne considère nullement que les différentes étoiles et planètes observent ses actions et le reportent sur son compte. Ignorant cette vérité, l'âme conditionnée se livre à toutes sortes d'actes répréhensibles pour satisfaire sa concupiscence.

VERSET 5

adrsya-jhilli-svana-karna-sula
uluka-vagbhir vyathitantaratma
apunya-vrksan srayate ksudhardito
marici-toyany abhidhavati kvacit

TRADUCTION

Errant dans la forêt de l'univers matériel, l'âme conditionnée entend parfois les stridulations aiguës d'un grillon invisible, qui déchirent ses oreilles. A d'autres occasions, c'est son cœur qui frémit en entendant les cris des chouettes, semblables aux dures paroles que lui adressent ses ennemis. Parfois encore, le marchand, tenaillé par la faim, se dirige vers un arbre ne portant malheureusement ni fruits ni fleurs, et lorsqu'il désire trouver de l'eau, il se met à poursuivre un mirage.

TENEUR ET PORTEE

Le Srimad-Bhagavatam explique que la philosophie du Bhagavata est destinée aux êtres totalement dénués d'envie (paramo nirmat-saranam). L'univers matériel regorge d'envieux; même dans son entourage immédiat, on trouve beaucoup de mauvaises langues, et leurs médisances sont comparées aux stridulations des grillons qui peuplent la forêt. On ne voit pas ces insectes, mais le bruit qu'ils font irrite les oreilles. Lorsque l'on adopte la Conscience de Krsna, on entend toujours des propos désagréables émanant de ses proches. Telle est la nature du monde où nous vivons; nul ne peut éviter la souffrance causée par les paroles malveillantes de personnes envieuses. Il arrive parfois que la douleur nous incite à nous adresser à un être pécheur pour obtenir son aide, mais celui-ci ne dispose d'aucun moyen pour nous soulager, car il est sans intelligence. L'être vivant connaît alors la déception. C'est comme s'il courait après un mirage dans le désert pour obtenir de l'eau; tous ces efforts ne produisent aucun résultat tangible. Ainsi l'âme conditionnée connaît-elle bien des souffrances.

VERSET 6

kvacid vitoyah sarito bhiyati
parasparam calasate nirandhah
asadya davam kvacid agni-tapto
nirvidyate kva ca yaksair hrtasuh

TRADUCTION

Parfois, l'être conditionné plonge dans une rivière qui se révèle peu profonde ou va quémander de la nourriture à des gens qui ne sont nullement enclins à la charité. Parfois, il souffre de vives brûlures occasionnées par la vie familiale, semblable à un incendie de forêt; d'autres fois, il se désespère en voyant ses richesses, qui lui sont aussi chères que sa propre vie, pillées par des rois qui l'écrasent d'impôts.

TENEUR ET PORTEE

Lorsqu'on est accablé par la chaleur ardente du soleil, on plonge parfois dans une rivière pour se rafraîchir; cependant, si celle-ci est presque asséchée, on risque de se rompre les os. L'être conditionné se trouve ainsi constamment confronté à diverses conditions misérables. Parfois, ses efforts pour obtenir de l'aide de certains amis ne valent guère mieux que de plonger dans une rivière asséchée; il n'en tire aucun bénéfice et ne réussit qu'à se rompre les os. Parfois encore, souffrant d'un manque de nourriture, il en vient à requérir l'assistance d'une personne qui n'est ni en mesure de faire la charité ni disposée à la faire. Et lorsqu'il est ancré dans la vie de famille, il est comme entouré d'un incendie de forêt (samsara-davanala-lidha-loka). Lorsque le gouvernement l'écrase d'impôts, il se désespère. Les impôts excessifs l'obligent à camoufler ses véritables revenus; mais en dépit de ses efforts, les agents du gouvernement sont en général si vigilants et si habiles qu'ils finissent de toute façon par s'emparer de son argent, ce qui le remplit d'amertume.

Les gens cherchent donc le bonheur en ce monde, mais c'est comme s'ils cherchaient à être heureux au coeur d'un incendie de forêt. Ce genre de sinistre se déclare tout seul, sans que personne n'ait besoin d'allumer un feu; de même, personne ne veut être malheureux dans sa vie familiale ou sociale, mais les lois de la nature imposent le malheur et la souffrance à tous les êtres. Il est très dégradant d'avoir à dépendre d'une autre personne pour vivre; c'est pourquoi, selon la culture védique, chacun devrait vivre de façon autonome. Seuls les sudras en sont incapables; ils doivent servir quelqu'un pour assurer leur subsistance. Or, les sastras nous disent: kalau sudra sambhavah. Dans l'âge de Kali, chacun dépend de la miséricorde d'un autre pour sa subsistance, de telle sorte que tout le monde appartient à la classe des sudras. Le douzième Chant du Srimad-Bhagavatam déclare en outre que, dans le Kali-yuga, les gouvernements prélèveront des impôts sans rendre aux citoyens des services proportionnels. Anavrstya vinanksyanti durbhiksa-kara- piditah. En outre, la pluie viendra à manquer, et la nourriture se fera ainsi de plus en plus rare, alors que les gens seront écrasés sous le poids des impôts gouvernementaux. Ils renonceront alors à mener une existence paisible, et ils quitteront leurs foyers et leurs terres pour se rendre dans la forêt, tous leurs espoirs déçus.

VERSET 7

surair hrta-svah kva ca nirvinna-cetah
socan vimuhyann upayati kasmalam
kvacic ca gandharva-puram pravistah
pramodate nirvrtavan muhurtam

TRADUCTION

Lorsque l'être conditionné est vaincu ou pillé par des individus plus puissant, que lui et qu'il perd ainsi tous ses biens, il sombre alors dans une profonde tristesse et, s'affligeant sur son sort, tombe même parfois dans l'abattement complet. D'autres fois, il imagine une grande et fastueuse cité où il lui plairait de vivre heureux avec sa famille ainsi que ses richesses. Il se croit alors aussi satisfait qu'on puisse l'être, mais ce prétendu bonheur ne dure qu'un temps.

TENEUR ET PORTEE

Ici, les mots gandharva-puram sont riches de sens. Il arrive parfois qu'on voie apparaître un immense palais au coeur de la forêt, mais ce genre de vision n'est qu'un fantasme, car en fait ce palais n'existe nulle part ailleurs que dans l'imagination. C'est ce qu'expriment les mots gandharva-pura. Dans la forêt matérielle, l'être conditionné se prend parfois à contempler de grands châteaux ou des gratte-ciel où il aimerait vivre à jamais dans la paix en compagnie de sa famille, mais il ne fait que gaspiller son énergie; les lois de la nature ne permettent pas la réalisation de ce rêve. Lorsqu'il parvient à pénétrer dans ces palais et à s'y installer, il pense pour un temps y être très lie heureux, bien que son bonheur soit voué à prendre fin un jour. Ce bonheur peut durer quelques années, mais étant donné que le propriétaire du château doit le quitter à l'heure de sa propre mort, tous ses rêves s'écroulent en fin de compte. Ainsi vont les choses en ce monde... Srila Vidyapati décrit ce bonheur comme celui que procure la vue d'une goutte d'eau dans le désert. Le soleil y fait régner une chaleur torride, et pour en abaisser la température, il faudrait des quantités d'eau phénoménales, des millions et des millions de litres! Quel effet pourrait bien avoir une seule goutte d'eau? Certes, l'eau a de la valeur, mais une goutte à elle seule ne peut réduire la chaleur du désert. Chaque être se montre ambitieux dans le désert de ce monde, mais la chaleur y est très accablante; de quel secours alors nous sera un fantasme? Aussi, Srila Vidyapati chante-t-il: tatala saikate, vari-bindu-sama, suta-mita-ramani-samaje -le bonheur que procurent la vie de famille, l'amitié et les liens sociaux ressemble à une goutte d'eau dans le désert brûlant. L'univers matériel tout entier s'efforce de trouver le bonheur, car il est la prérogative de l'être vivant. Malheureusement, pour être entré en contact avec la matière, celui-ci en est réduit à lutter pour sa subsistance. Même si l'on est heureux pendant un certain temps, un puissant ennemi risque toujours de venir nous dérober tout ce que nous avons. Bien des exemples nous montrent de riches hommes d'affaires qui, du jour au lendemain, se sont trouvés à la rue, réduits à la plus extrême pauvreté. Néanmoins, du fait de la nature de l'existence matérielle, les sots se laissent fasciner par les mouvements qui lui sont liés et oublient le but véritable de l'existence: la réalisation spirituelle.

VERSET 8

calan kvacit kantaka-sarkaranghrir
nagaruruksur vimana ivaste
pade pade bhyantara-vahninarditah
kautumbikah krudhyati vai janaya

TRADUCTION

Voulant gravir les collines et les montagnes, il se déchire les pieds en marchant sans protection suffisante sur des épines et des éclats de pierres, ce qui ne manque pas de l'accabler. De même, celui qui éprouve un attachement profond pour sa famille est parfois pris par la faim, et du fait de sa situation misérable, il s'emporte alors contre les siens.

TENEUR ET PORTEE

Ambitieux, l'être conditionné voudrait vivre très heureux ici-bas auprès famille de sa famille, mais il est comparé à un voyageur qui désire gravir une montagne dont le sol est jonché d'épines et de petits cailloux. Comme l'indiquait le verset précédent, le bonheur qui découle des rapports sociaux, de l'amitié et de l'amour de ce monde, ressemble à une goutte d'eau dans la chaleur torride du désert. Vouloir acquérir puissance et prestige dans la société revient à tenter d'escalader une montagne jonchée d'épines. Srila Visvanatha Cakravarti Thakura compare la famille à de hautes montagnes; chercher le bonheur auprès de ses proches peut être comparé à l'effort d'un homme affamé essayant de gravir une montagne dont le sol est parsemé d'épines. 99,9% des gens pour ainsi dire sont malheureux au sein de la vie familiale, en dépit de tous leurs efforts pour satisfaire les membres de leur famille. Dans les pays d'Occident, l'insatisfaction est si grande qu'il n'y a pour ainsi dire pas de vie de famille. On compte de nombreux cas de divorce, et les enfants, eux-même frustrés, renoncent à la protection de leurs parents et quittent le foyer. Dans l'âge de Kali tout particulièrement, la vie de famille proprement dite est de plus en plus réduite. On y devient de plus en plus égocentrique, ainsi le veut la loi de la nature. Même si l'on a suffisamment d'argent pour pourvoir aux besoins des siens, la situation est telle que personne n'est plus heureux en famille. Voilà pourquoi, selon l'institution du varnasrama, il faut se retirer de la vie familiale une fois passée la moitié de sa vie: pancasordhvam vanam vrajet; on doit de son plein gré renoncer à la vie de famille vers la cinquantaine pour se rendre à Vrndavana ou dans la forêt. Srila Prahlada Maharaja le recommande lui-même

:

tat sadhu manye sura-varya dehinam
sada samudvigna-dhiyam asad-grahat
hitvatma-patam grham andha-kupam
vanam gato yad dharim asrayeta
(S.B.,7.5.5)

Il ne s'agit pas de quitter une forêt pour aller dans une autre; cela n'aurai aucun intérêt. Il faut se rendre dans la forêt de Vrndavana et y chercher refuge en Govinda. On sera alors très heureux. C'est pourquoi l'Association Internationale pour la Conscience de Krsna a construit un temple dédié à Krsna et à Balarama afin d'y recevoir ses membres ainsi que tout un chacun. Tous ceux qui en bénéficieront pourront vivre paisiblement dans une atmosphère spirituelle, ce qui les aidera à atteindre le monde de la transcendance et à retourner à Dieu, dans leur demeure originelle. Un autre passage de ce verset doit retenir notre attention: kautumbikah krudhyati vai janaya. Lorsqu'il est exaspéré, l'homme cherche à se soulager en s'emportant contre sa pauvre femme et ses enfants. La femme et les enfants dépendent naturellement du père, mais celui-ci, se voyant incapable d'entretenir sa famille correctement, se déprime et s'en prend sans nécessité aux siens. Le Srimad-Bhagavatam (12.2.9) enseigne également à ce propos: acchinna-dara-dravina yasyanti giri-kananam. Dégoûtés de la vie de famille, les gens se séparent par le divorce ou par quelque autre moyen. Mais si l'on doit se séparer, pourquoi ne pas le faire de son plein gré? Une séparation systématique et délibérée vaut mieux qu'une séparation forcée qui ne peut rendre personne heureux. Quoi qu'il en soit, par consentement mutuel ou suivant l'usage védique, on doit se retrancher des affaires familiales à un certain âge pour ne plus dépendre que de Krsna. Voilà qui couronnera de succès notre existence.

VERSET 9

kvacin nigirno jagarahina jano
navaiti kincid vipine paviddhah
dastah sma sete kva ca danda-sukair
andho ndha-kupe patitas tamisre

TRADUCTION

L'âme conditionnée parcourant la jungle matérielle est parfois dévorée ou broyée par un python. Abandonnée dans la forêt, elle gît alors comme un cadavre, privée de conscience et de connaissance. Parfois même, d'autres serpents venimeux viennent la mordre. Aveuglée, elle tombe dans le puits sombre d'une existence infernale sans aucun espoir qu'on lui porte secours.

TENEUR ET PORTEE

Si quelqu'un perd conscience après avoir été mordu par un serpent, il perd en même temps tout moyen de comprendre ce qui se passe en dehors de son corps. Cette condition est comparable à celle du sommeil profond. Or, l'âme conditionnée se trouve ainsi endormie dans le sein de l'énergie d'illusion. Bhaktivinoda Thakura chante: kata nidra yao maya-pisacira kole -''Ame endormie, jusqu'à quand sommeilleras-tu ainsi dans les bras de l'énergie d'illusion?'' Les gens ne comprennent pas qu'en fait ils dorment en ce monde matériel, dénués de toute connaissance de la vie spirituelle. C'est pourquoi Caitanya Mahaprabhu dit:

enechi ausadhi maya nasibara lagi
hari-nama-maha-mantra lao tumi magi

''J'ai apporté le remède au sommeil perpétuel dans lequel sont plongés tous les êtres. Acceptez, je vous en prie, le Saint Nom du Seigneur, le maha-mantra Hare Krsna, et réveillez-vous." La Katha Upanisad (1.3.14) dit de son côté: uttistha jagrata prapya yaran nibodhata -"O âmes conditionnées, vous dormez en ce monde; réveillez-vous, et tirez parti de votre existence humaine.'' Le sommeil implique la perte de toute connaissance. La Bhagavad-gita (II.69) ajoute à cet égard: ya nisa sarva-bhutanam tasyam jagarti samryami. "Ce qui est nuit pour tous les êtres devient, pour l'homme qui s'est rendu maître de ses sens, le temps de l'éveil." Même sur les planètes supérieures, tous subissent le charme de l'énergie d'illusion. Personne ne s'y montre vraiment intéressé par les valeurs réelles de la vie. Le sommeil profond, qui a pour nom kala-sarpa (le facteur temps), maintient l'âme conditionnée dans l'ignorance, de telle sorte que sa conscience pure est perdue. Il y a de nombreux trous profonds dans la forêt, et si quelqu'un tombe dans l'un d'eux, il n'a aucune chance d'en être tiré. Profondément endormi, il est continuellement mordu par certaines bêtes, et particulièrement par des serpents.

VERSET 10

karhi sma cit ksudra-rasan vicinvams
tan-maksikabhir vyathito vimanah
tatrati-krcchrat pratilabdhamano
balad vilumpanty atha tam tato nye

TRADUCTION

Parfois, afin de goûter quelque plaisir charnel insignifiant, l'être conditionné part à la recherche de femmes faciles; il doit alors supporter les insultes et les sévices de ses proches, tout comme celui qui se fait attaquer par les abeilles en voulant prendre le miel de leur ruche. Parfois encore, après avoir dépensé beaucoup d'argent, il parvient à obtenir une autre femme pour satisfaire sa concupiscence; malheureusement, celle qu'il a conquis pour son plaisir est emmenée ou ravie par un autre débauché.

TENEUR ET PORTEE

Dans une grande forêt, les ruches sont bien garnies et souvent les gens s'y rendent pour recueillir le miel qui se trouve dans les rayons; mais il arrive alors que les abeilles attaquent les intrus afin de les punir de leur audace. Ainsi, dans la société des hommes, ceux qui n'ont pas conscience de Krsna demeurent dans la forêt de l'existence matérielle à seule fin de jouir du miel de la vie sexuelle. Ces débauchés ne sont nullement satisfaits avec une seule femme; ils en veulent plusieurs. Jour après jour, à grand-peine, ils s'efforcent de s'approprier les femmes qu'ils convoitent, et parfois, tandis qu'ils essaient de goûter cette sorte de miel, ils se font attaquer par leurs proches et très durement châtier. En soudoyant quelqu'un on parvient toujours à s'approprier une autre femme pour son plaisir, mais un autre débauché risque alors de l'enlever ou de lui offrir plus qu'on ne peut soi-même le faire. C'est ainsi que la chasse aux femmes se poursuit dans la forêt de l'univers matériel, parfois dans la légalité et parfois illégalement. En conséquence, le Mouvement pour la Conscience de Krsna interdit à ses bhaktas toute vie sexuelle illicite, leur épargnant ainsi bien des difficultés. L'homme doit se contenter d'une femme, ceci dans les liens du mariage; il peut alors satisfaire ses désirs charnels sans avoir à perturber la société et à être puni pour sa conduite.

VERSET 11

kvacic ca sitatapa-vata-varsa-
pratikriyam kartum anisa aste
kvacin mitho vipanan yac ca kincid
vidvesam rcchaty uta vitta-sathyat

TRADUCTION

L'être vivant s'acharne parfois à lutter contre les intempéries -le froid glacial, la chaleur torride, le vent violent ou la pluie excessive-, et lorsqu'il n'y parvient pas, il devient très malheureux. Parfois encore, il se fait tromper coup sur coup lors de transactions commerciales. Ainsi la tromperie fait-elle naître l'inimitié entre les êtres.

TENEUR ET PORTEE

Les tentatives en vue de repousser les agressions de la nature matérielle constituent un exemple de la lutte pour l'existence. Ces efforts engendrent l'inimitié entre les hommes, si bien que la société est faite de gens envieux et malveillants; telle est la nature du monde matériel. A l'opposé, le Mouvement pour la Conscience de Krsna cherche à créer une atmosphère dépourvue d'envie. Il n'est certes pas possible pour tous de devenir conscients de Krsna, mais le Mouvement pour la Conscience de Krsna peut néanmoins créer une société exemplaire d'où l'envie est bannie.

VERSET 12

kvacit kvacit ksina-dhanas tu tasmin
sayyasana-sthana-vihara-hinah
yacan parad apratilabdha-kamah
parakya-drstir labhate vamanam

TRADUCTION

Sur le sentier de l'existence matérielle, l'homme se trouve parfois dans le dénuement. N'ayant alors ni demeure, ni lit, ni siège, privé des plaisirs de la vie de famille, il demande aux autres de lui donner de l'argent; n'obtenant pas satisfaction, il envisage d'emprunter ou même de voler la propriété d'autrui. Ainsi encourt-il le déshonneur dans la société.

TENEUR ET PORTEE

La mendicité, l'emprunt et le vol sont le propre de l'univers matériel. Il s'agit en effet des trois activités auxquelles se livrent ceux qui sont dans le besoin. Si l'on n'obtient pas satisfaction en mendiant, on emprunte. Si l'on ne peut payer, on vole, et lorsqu'on se fait prendre, on est alors en butte aux fronts. Telles sont les lois de l'existence matérielle. Nul ne peut vivre ici-bas de façon très honnête; aussi chacun cherche-t-il à satisfaire ses sens par quelque tour ou tromperie, en mendiant, en empruntant ou en volant. Bref, personne ne vit paisiblement en ce monde.

VERSET 13

anyonya-vitta-vyatisanga-vrddha-
vairanubandho vivahan mithas ca
adhvany amusminn uru-krcchra-vitta-
badhopasargair viharan vipannah

TRADUCTION

Du fait que les relations entre les êtres passent par l'argent, elles deviennent de plus en plus tendues et débouchent sur l'hostilité. Mari et femme marchent parfois ensemble sur la voie du progrès matériel, et afin d'entretenir de bonnes relations, ils doivent travailler dur; mais lorsque manque l'argent ou lorsque survient la maladie, la détresse qui les accable les conduit presque à la mort.

TENEUR ET PORTEE

Dans l'univers matériel, sociétés, nations et peuples se livrent à quantité de transactions, mais celles-ci finissent toujours par s'entacher d'inimitié. Pareillement, au sein du mariage, les questions d'argent dégénèrent parfois du fait de la nature dangereuse de l'existence matérielle; il arrive alors qu'on tombe malade ou qu'on soit financièrement gêné. A l'époque actuelle, la plupart des pays sont économiquement développés; toutefois, du fait même des échanges commerciaux, leurs rapports deviennent de plus en plus tendus. Finalement, des guerres éclatent entre nations, semant la destruction partout à travers le monde, et les gens connaissent alors des souffrances terribles.

VERSET 14

tams tan vipannan sa hi tatra tatra
vihaya jatam parigrhya sarthah
avartate dyapi na kascid atra
viradhvanah param upaiti yogam

TRADUCTION

Mon cher roi, celui qui parcourt cette forêt de l'existence matérielle se voit d'abord privé de son père et de sa mère; puis, après leur mort, il s'attache à ses jeunes enfants, qui viennent de naître. Il erre ainsi sur la voie du progrès matériel où il doit affronter toutes sortes de difficultés; pourtant, nul ne sait comment échapper à cette condition, pas même au moment de la mort.

TENEUR ET PORTEE

La vie de famille dans l'univers matériel est fondée sur les rapports sexuels: yan maithunadi-grhamedhi-sukham. (S.B.,7.9.45) Par l'union charnelle, le père et la mère engendrent des enfants, lesquels se marient et font comme leurs parents. Après la mort de ces derniers, les enfants engendrent leurs propres descendants. Ainsi, de génération en génération, cette histoire se répète sans que personne ne parvienne à se libérer des problèmes l'existence matérielle. Nul ne veut adopter la voie spirituelle du savoir et du renoncement, qui trouve son aboutissement dans le bhakti-yoga. Pourtant, la vie humaine est précisément destinée au jnana et au vairagya, au avoir et au renoncement, au travers desquels on peut accéder au niveau du service de dévotion. Malheureusement, les gens de l'âge où nous vivons évitent la compagnie des âmes libérées (sadhu-sanga) et continuent de suivre la voie stéréotypée de la vie familiale. C'est ainsi qu'ils s'enlisent dans les problèmes causés par l'argent et le sexe.

VERSET 15

manasvino nirjita-dig-gajendra
mameti sarve bhuvi baddha-vairah
mrdhe sayiran na tu tad vrajanti
yan nyasta-dando gata-vairo bhiyati

TRADUCTION

Il y eut et il y a encore de nombreux héros, aussi bien sur le plan politique que social, qui ont vaincu des ennemis d'une puissance égale à la leur; mais dans leur ignorance, croyant que la terre sur laquelle ils vivent leur appartient, ils se battent les uns contre les autres et rendent leur dernier souffle au combat. Ils sont incapables d'emprunter la voie spirituelle adoptée par les renonçants; bien qu'il s'agisse de grands héros ou d'importants chefs politiques, ils n'en demeurent pas moins incapables de prendre le chemin de la réalisation spirituelle.

TENEUR ET PORTEE

Les grands chefs politiques sont peut-être à même de vaincre leurs adversaires, mais ils restent malheureusement incapables d'asservir leurs sens impétueux, ces ennemis qui les accompagnent constamment. Impuissants face à ces ennemis tout proches, ils s'acharnent simplement à en combattre d'autres, et finissent par mourir au cours de la lutte qu'ils mènent pour leur existence. Jamais ils n'empruntent la voie de la réalisation spirituelle ou ne deviennent des sannyasis. Il arrive parfois à ces grands dirigeants de revêtir l'habit du sannyasi et de se parer du titre de mahatmas, mais leur seule préoccupation reste de vaincre leurs ennemis politiques. Du fait qu'ils laissent l'illusion ruiner leur existence en s'identifiant à leur pays et à leur famille, il ne peuvent progresser spirituellement ni parvenir à se libérer des chaînes de maya.

VERSET 16

prasajjati kvapi lata-bhujasrayas
tad-asrayavyakta-pada-dvija-sprhah
kvacit kadacid dhari-cakratas trasan
sakhyam vidhatte baka-kanka-grdhraih

TRADUCTION

L'être vivant dans la jungle de l'existence matérielle se complaît parfois au milieu des plantes grimpantes qui lui offrent un asile et prend plaisir à écouter le chant des oiseaux qui s'y ébattent. Effrayé par le rugissement des lions de la forêt, il se lie d'amitié avec les grues, les hérons et les vautours.

TENEUR ET PORTEE

De nombreux oiseaux et autres bêtes, ainsi que toutes sortes d'arbres, de plantes grimpantes et de lianes peuplent la jungle du monde matériel. L'être vivant aspire parfois au refuge que lui offrent ces lianes, ce qui revient à dire qu'il souhaite trouver le bonheur dans les bras de sa femme, dont l'étreinte est comparable à celle des plantes grimpantes. Dans le feuillage de ces lianes chantent de nombreux oiseaux, et son désir de les entendre signifie qu'il se plait à écouter la douce voix de sa femme. Cependant, quand vient la vieillesse, il lui arrive de se sentir effrayé à la pensée de la mort imminente, qui est comparée au rugissement du lion; et pour échapper au fauve, il cherche refuge auprès de quelque svami, yogi, ou incarnation de pacotille -en fait tous des simulateurs et des escrocs. Ainsi égaré par l'énergie d'illusion, il ruine son existence. Les Ecritures enseignent: harim vina mrtim na taranti. Nul ne peut échapper au danger imminent de la mort à moins de trouver refuge en Dieu, la Personne Suprême. Le mot hari désigne aussi bien le lion que le Seigneur Suprême, et pour échapper à hari, le lion de la mort, il faut chercher refuge en Hari, le Seigneur Suprême. Mais les hommes peu versés dans la connaissance s'en remettent à des abhaktas, lesquels ne sont que des escrocs et des charlatans, afin d'être arrachés aux griffes de la mort. Dans la jungle matérielle, l'être conditionné aspire tout d'abord au plaisir d'être enlacé par les bras de sa femme -semblables à des lianes- et d'entendre sa douce voix. Ensuite, il lui arrive de chercher refuge auprès de prétendus gurus et sadhus, lesquels peuvent être comparés à des grues, des hérons et des vautours. Ainsi, parce qu'il ne se réfugie pas auprès du Seigneur Suprême, il se retrouve doublement trompé.

VERSET 17

tair vancito hamsa-kulam samavisann
arocayan silam upaiti vanaran
taj-jati-rasena sunirvrtendriyah
parasparodviksana-vismrtavadhih

TRADUCTION

Trompé par ces prétendus yogis, svamis et avataras, l'être vivant dans la forêt matérielle s'efforce de rompre ses liens avec eux pour entrer en contact avec de véritables bhaktas. Malheureusement, dans son infortune, il ne parvient pas à suivre les instructions du maître spirituel ou des bhaktas avancés, si bien qu'il les quitte pour retourner auprès des singes, lesquels ne s'intéressent qu'aux femelles et aux plaisirs des sens. Il se complaît dans la compagnie des viveurs et s'adonne aux plaisirs charnels, à la boisson et autres vices, ruinant ainsi sa vie. A force de voir le visage de ses compères, il devient oublieux de tout et s'approche de la mort.

TENEUR ET PORTEE

Il arrive qu'un être peu intelligent se dégoûte de ses mauvaises fréquentations pour venir vivre avec des bhaktas et des brahmanas, et recevoir finalement l'initiation d'un maître spirituel. Ainsi que le lui recommande son maître spirituel, il s'efforce d'observer les principes régulateurs, mais il s'en montre malheureusement incapable. Il renonce alors à la compagnie des bhaktas pour s'associer à nouveau à des êtres simiesques qui ne s'intéressent qu'aux plaisirs charnels et à l'ivresse. Les soi-disant spiritualistes sont en effet comparés à des singes. Extérieurement, ces derniers ressemblent parfois à des sadhus, car ils vivent nus dans la forêt en cueillant des fruits; mais leur seul désir est de s'entourer de nombreuses femelles pour éprouver des jouissances sexuelles. De prétendus aspirants à la vie spirituelle se lient parfois avec des bhaktas conscients de Krsna, mais ils se montrent incapables de respecter les principes régulateurs ou de suivre la voie spirituelle. Par conséquent, ils quittent la compagnie des bhaktas pour rejoindre les rangs des viveurs, lesquels sont comparables à des singes. Ils ravivent ainsi leurs désirs d'ivresse et de volupté, et se sentent satisfaits lorsqu'ils regardent le visage de ceux qui les entourent. C'est ainsi qu'ils passent le reste de leurs jours, jusqu'à ce que survienne la mort.

VERSET 18

drumesu ramsyan suta-dara-vatsalo
vyavaya-dino vivasah sva-bandhane
kvacit pramadad giri-kandare patan
vallim grhitva gaja-bhita asthitah

TRADUCTION

Semblable à un singe sautant d'une branche à l'autre, il demeure dans l'arbre de la vie familiale, n'y trouvant pour seul gain que le plaisir sexuel. Il est alors repoussé par sa femme, tout comme l'âne essuie les ruades de sa femelle. Incapable de trouver quelque soulagement, il demeure dans cette situation sans pouvoir y échapper. Il lui arrive également d'être atteint d'une maladie incurable, tout comme s'il faisait une chute au fond d'une grotte. La peur s'empare de lui à l'idée de la mort pareille à un éléphant qui serait au fond de ce gouffre; il n'a alors d'autre recours que de s'accrocher à une liane, ou aux rameaux et aux branches d'un arbre.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset décrit la condition précaire d'un homme marié. La vie familiale abonde en effet en problèmes et en souffrances, et son seul attrait réside dans les rapports sexuels. Mais l'homme se fait alors repousser par sa femme, tout comme l'âne essuie les ruades que lui décoche sa femelle. Du fait de rapports sexuels très fréquents, il devient la proie de nombreux maux incurables. A ce moment-là, effrayé par la mort que l'on compare à un éléphant, il reste pendu aux branches et aux rameaux de son arbre, tout comme un singe.

VERSET 19

atah kathancit sa vimukta apadah
punas ca sartham pravisaty arindama
adhvany amusminn ajaya nivesito
bhraman jano dyapi na veda kascana

TRADUCTION

O Maharaja Rahugana, vainqueur des ennemis, si d'une manière ou d'une autre l'âme conditionnée échappe à cette dangereuse situation, elle retourne à nouveau dans son foyer pour y jouir des plaisirs de la volupté, car telles sont les voies de l'attachement. Ainsi, sous le charme de l'énergie matérielle du Seigneur, l'être distinct continue de flâner dans la forêt de l'existence matérielle. Il ne découvrira jamais son intérêt véritable, pas même à l'instant de sa mort.

TENEUR ET PORTEE

Telle est l'existence matérielle. Une fois prisonnier de l'instinct sexuel, on s'enchaîne de tant de manières qu'on devient incapable de saisir le but véritable de l'existence. C'est pourquoi le Srimad-Bhagavatam (7.5.31) enseigne: na te viduh svartha-gatim hi visnum -la plupart du temps, les gens ne comprennent pas le but ultime de la vie. Comme l'expliquent les Vedas: om tad visnoh paramam padam sada pasyanti surayah -les êtres spirituellement évolués ne s'attachent qu'aux pieds pareils-au-lotus de Visnu. Toutefois, l'âme conditionnée n'étant pas soucieuse de raviver sa relation avec Visnu, elle se laisse ensorceler par les activités d'ordre matériel et s'assujettit par là à un esclavage perpétuel, trompée qu'elle est par de prétendus dirigeants.

VERSET 20

rahugana tvam api hy adhvano sya
sannyasta-dandah krta-bhuta-maitrah
asaj-jitatma hari-sevaya sitam
jnanasim adaya tarati-param

TRADUCTION

O roi, sache que tu es également victime de l'énergie externe puisque tu te laisses séduire par les plaisirs matériels. Afin que tu puisses regarder tous les êtres d'un oeil égal et devenir leur ami, je te conseille maintenant de renoncer à ta position royale et au sceptre qui te sert à châtier les criminels. Défait-toi de ton attirance pour les objets des sens et brandis le glaive du savoir, aiguisé par le service de dévotion. Tu pourras alors trancher le noeud serré de l'énergie d'illusion et atteindre l'autre bord de l'océan de l'ignorance.

TENEUR ET PORTEE

Dans la Bhagavad-gita (XV.3-4), Sri Krsna compare l'univers matériel à un arbre d'illusion dont on doit se détacher:

na rupam asyeha tathopalabhyate
nanto na cadir na ca sampratistha
asvattham enam suvirudha-mulam
asanga-sastrena drdhena chittva

tatah padam tat parimargitavyam
yasmin gata na nivartanti bhuyah
tam eva cadyam purusam prapadye
yatah pravrttih prasrta purani

"De cet arbre, nul ne peut, en ce monde, percevoir la forme exacte. Nul n'en peut voir la fin, le commencement ni la base. Mais il faut, avec détermination, trancher du glaive du détachement ce banian aux puissantes racines, chercher le lieu d'où, une fois qu'on l'atteint, il n'est pas de retour; puis là, s'abandonner à la Personne Suprême, Dieu, de qui tout a commencé et en qui tout demeure depuis des temps immémoriaux."

VERSET 21

rajovaca
aho nr-janmakhila-janma-sobhanam
kim janmabhis tv aparair apy amusmin
na yad dhrsikesa-yasah-krtatmanam
mahatmanam vah pracurah samagamah

TRADUCTION

Le roi Rahugana dit:

Cette naissance en tant qu'être humain est la meilleure de toutes. Même une naissance parmi les devas sur les planètes édéniques n'est pas aussi glorieux qu'une naissance humaine sur cette terre. A quoi bon la position élever d'un deva? Sur les planètes de délices, les très nombreux avantages matériel rendent impossible la fréquentation des bhaktas.

TENEUR ET PORTEE

Une naissance en tant qu'être humain représente une occasion exceptionnelle de parvenir à la réalisation spirituelle. On peut naître sur un système planétaire supérieur parmi les devas, mais vu les nombreux avantages matériels qu'offre une telle situation, il s'avère impossible d'y échapper à l'esclavage matériel. Même sur cette terre, ceux qui vivent dans l'opulence ne se soucient généralement pas d'adopter la Conscience de Krsna. Un homme intelligent qui désire véritablement être délivré des filets de la matière doit chercher la compagnie de purs bhaktas. A leur contact, il pourra peu à peu se détacher de toute attirance matérielle pour l'argent et les femmes. Cette attirance constitue le principe fondamental de l'attachement matériel. C'est pourquoi Sri Caitanya Mahaprabhu recommanda à tous ceux qui désirent sérieusement retourner dans le monde spirituel de renoncer à ces deux aspects de la vie matérielle, de manière à devenir digne d'entrer dans le royaume de Dieu. L'argent et les femmes peuvent toutefois être entièrement consacrés au service du Seigneur, et celui qui sait agir de cette façon peut être libéré de l'asservissement à la matière. Satam prasangan mama virya-samvido bhavanti hrt-karna-rasayanah kathah: on ne peut goûter la glorification de Dieu, la Personne Suprême, que dans la compagnie des bhaktas. (S.B.,3.25.25) Même un court moment passé au contact d'un pur bhakta peut nous permettre de retourner à Dieu.

VERSET 22

na hy adbhutam tvac-caranabja-renubhir
hatamhaso bhaktir adhoksaje mala
mauhurtikad yasya samagamac ca me
dustarka-mulo pahato vivekah

TRADUCTION

Il n'est nullement surprenant qu'en étant recouvert de la poussière de tes pieds pareils-au-lotus on accède aussitôt au service de dévotion pur offert à Adhoksaja, que même de grands devas
comme Brahma ne peuvent atteindre. Le simple fait de m'être trouvé à ton contact pendant un court moment m'a débarrassé de toute tendance à raisonner vainement, de toute vanité et de tout manque de discrimination -ces facteurs étant à l'origine de notre asservissement dans cet univers. Me voilà maintenant libéré de tous ces problèmes.

TENEUR ET PORTEE

La compagnie des purs bhaktas nous affranchit à coup sûr des rets de la matière, ce qu'illustre fort bien la rencontre du roi Rahugana avec Jada Bharata. Le roi Rahugana se trouva immédiatement libéré de tous les doutes et inquiétudes résultant de fréquentations matérielles. Les arguments présentés par un pur bhakta à ses disciples sont si convaincants que même un étudiant à l'esprit lent s'en trouve aussitôt illuminé spirituellement.

VERSET 23

namo mahadbhyo stu namah sisubhyo
namo yuvabhyo nama avatubhyah
ye brahmana gam avadhuta-lingas
caranti tebhyah sivam astu rajnam

TRADUCTION

J'offre mon hommage respectueux à toutes les grandes personnalités qui se déplacent à la surface de cette Terre sous l'aspect d'enfants, de jeunes garçons, d'avadhutas ou de nobles brahmanas. Même si elles se cachent sous différents déguisements, je leur offre à toutes mes respects. Puissent leur grâce couvrir d'heureuse fortune les dynasties royales qui sans cesse les offensent.

TENEUR ET PORTEE

Le roi Rahugana se repentait beaucoup d'avoir forcé Jada Bharata à porter ,son palanquin. C'est pourquoi il offre ici des prières à toutes les catégories de brahmanas et d'êtres réalisés, même s'ils ont l'âge de jouer comme des enfants ou s'ils se cachent sous un déguisement quelconque. Les quatre Kumaras, par exemple, allaient partout sous l'apparence de garçonnets de cinq ans, et de même il existe de nombreux brahmanas, connaissant le Brahman, qui parcourent le globe en tant que jeunes hommes, enfants ou avadhutas. Infatués par leur position, les représentants des dynasties royales se rendent généralement coupables d'offenses envers ces grandes personnalités. Aussi le roi Rahugana leur offre-t-il son hommage respectueux, espérant que les dynasties royales coupables de telles offenses ne sombreront pas dans une condition infernale. Nul, s'il offense un être élevé, ne peut être excusé par le Seigneur Souverain, même si la personne en question ne se sent pas offensée. Nous avons l'exemple de Durvasa qui, après avoir offensé Maharaja Ambarisa, alla jusqu'à voir Visnu pour obtenir Son pardon, mais Celui-ci ne put le lui accorder. Il fut donc obligé, en dernier recours, d'aller se jeter aux pieds pareils-au-lotus de Maharaja Ambarisa, bien que celui-ci ne jût qu'un ksatriya-grhastha. Il faut dès lors prendre grand soin de ne pas offenser les pieds pareils-au-lotus des vaisnavas et des brahmanas.

VERSET 24

sri-suka uvaca
ity evam uttara-matah sa vai brahmarsi-sutah sindhu-pataya atma-
satattvam viganayatah paranubhavah parama-karunikatayopadisya
rahuganena sakarunam abhivandita-carana apurnarnava iva nibhrta-
karanormy-asayo dharanim imam vicacara.

TRADUCTION

Srila Sukadeva Gosvami dit:

O roi, fils de mère Uttara, quelques vagues d'insatisfaction avaient parcouru le mental de Jada Bharata après qu'il eut été insulté par le roi Rahugana, qui lui avait fait porter son palanquin; néanmoins, il n'en fit pas grand cas, et son coeur redevint aussi calme et serein que l'océan. II avait certes subi un affront de la part du roi, mais étant un grand paramahamsa, un vaisnava faisant preuve par nature d'une grande bienveillance, il l'instruisit sur la situation originelle, naturelle et éternelle de l'âme. Voyant le roi Rahugana implorer piteusement son pardon à ses pieds pareils-au-lotus, Jada Bharata oublia tout de l'insulte. Ensuite, il se remit à parcourir le monde comme il l'avait fait auparavant.

TENEUR ET PORTEE

Dans le Srimad-Bhagavatam (3.25.21), Kapiladeva décrit ce qui caractérise les grandes âmes: titiksavah karunikah suhrdah sarva-dehinam -le saint bhakta fait preuve d'une grande tolérance; il est l'ami de tous les êtres et ne se fait aucun ennemi en ce monde. Le pur bhaktasadhu, et Jada Bharata en est un exemple vivant. Parce qu'il avait un corps matériel, ses sens ne manquèrent pas d'être troublés lorsqu'il fut insulté par le roi Rahugana; mais, plus tard, devant l'humble soumission du roi, Jada Bharata lui pardonna. Il est du devoir de toute personne qui désire retourner à Dieu de se montrer soumise comme le roi Rahugana et d'implorer le pardon des vaisnavas qu'elle a pu offenser. Les vaisnavas possèdent généralement une nature très bienveillante; si donc l'on se soumet sans tarder à leurs pieds pareils-au-lotus pour une offense qu'on a pu commettre envers eux, on est aussitôt affranchi des conséquences de celle-ci. En revanche, quiconque n'agit point ainsi devra subir ses répercussions, et celles-ci n'auront rien d'agréable. possède toutes les qualités d'un

VERSET 25

sauvira-patir api sujana-samavagata-paramatma-satattva atmany
avidyadhyaropitam ca dehatma-matim visasarja. evam hi nrpa
bhagavad-asritasritanubhavah.

TRADUCTION

Après avoir reçu les enseignements du merveilleux bhakta qu'était Jada Bharata, Maharaja Rahugana, le roi de l'état de Sauvira, devint parfaitement conscient de la position véritable de l'âme, au point de renoncer entièrement à la conception corporelle de l'existence. Mon cher roi, quiconque cherche refuge auprès du serviteur du serviteur du Seigneur est assurément glorieux, car il peut aisément se débarrasser de la conception matérielle de l'existence, centrée sur corps.

TENEUR ET PORTEE

Ainsi que l'enseigne le Caitanya-caritamrta (Madhya 22.54):

"sadhu-sanga", "sadhu-sanga" -sarva-sastre kaya
lava-matra sadhu-sange sarva-siddhi haya

Il est indéniable que si l'on cherche refuge auprès d'un pur bhakta, on accède à toute perfection, même si le contact n'est que de courte durée. Un sadhu est un pur dévot du Seigneur. Nous pouvons à ce propos communiquer notre expérience personnelle. La première instruction de notre maître spirituel nous a infusé la conscience de Krsna, si bien que maintenant nous nous trouvons au moins sur la voie de la conscience de Krsna, et à même d'en comprendre la philosophie. Le résultat en est qu'un grand nombre de bhaktas prennent part au Mouvement pour la Conscience de Krsna. Le monde entier est gouverné par une conception matérielle de l'existence, centrée sur le corps; il faut donc qu'il y ait des bhaktas partout à la surface du globe pour libérer les gens de cette conception erronée de l'existence et pour les engager pleinement dans la Conscience de Krsna.

VERSET 26

rajovaca
ya ha va iha bahu-vida maha-bhagavata tvayabhihitah paroksena
vacasa jiva-loka-bhavadhva sa hy arya-manisaya kalpita-visayo
nanjasavyutpanna-loka-samadhigamah. atha tad evaitad
duravagamam samavetanukalpena nirdisyatam iti.

TRADUCTION

Le roi Pariksit dit alors [à Sukadeva Gosvami]:

O maître, noble et sage bhakta, toi qui es omniscient. Tu as fort bien dépeint la situation de l'âme conditionnée, en la comparant à un marchand dans la forêt. Ces instructions permettent à l'homme intelligent de comprendre que les sens d'un être conditionné par la conception corporelle de l'existence sont comme des brigands et des pillards à l'oeuvre dans cette forêt, et que la femme et les enfants sont pareils à des chacals et autres bêtes féroces. Cependant, il s'avère bien malaisé, pour ceux qui manquent d'intelligence, de comprendre ce récit, car la signification exacte de l'allégorie n'est pas évidente; je prie donc Ta Sainteté d'en donner le sens direct.

TENEUR ET PORTEE

Le Srimad-Bhagavatam contient de nombreux récits et incidents symboliques. Ces allégories peuvent ne pas être comprises des hommes de peu d'intelligence; il est donc du devoir de l'étudiant d'aller trouver un maître spirituel authentique pour en obtenir l'explication directe.

Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le treizième chapitre du cinquième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: ''Suite du dialogue entre le roi Rahugana et Jada Bharata".




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