jueves, 18 de febrero de 2010

SRIMAD-BHAGAVATAM CHANT 8 CHAPITRE 3

SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8
CHAPITRE 3


Les prières d'abandon
de Gajendra.



SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8
CHAPITRE 3


Les prières d'abandon
de Gajendra.

VERSET 1

sri-badarayanir uvaca
evam vyavasito buddhya
samadhaya mano hrdi
jajapa paramam japyam
prag-janmany anusiksitam

TRADUCTION

Sri Sukadeva Gosvami poursuivit:

Ensuite, Gajendra, le roi des éléphants, concentra son mental sur son coeur, en toute intelligence. Il récita un mantra qu'il avait appris dans sa vie antérieure alors qu'il était lndradyumna, et dont il se souvint par la grâce de Krsna.

TENEUR ET PORTEE

La Bhagavad-gita (6.43-44) traite de ce genre de réminiscence:

tatra tam buddhi-samyogam
labhate paurva-dehikam
yatate ca tato bhuyah
samsiddhau kuru-nandana

purvabhyasena tenaiva
hriyate hy avaso pi sah

Ces versets affirment que si une personne pratiquant le service de dévotion vient à tomber, elle n'est pas déchue pour autant mais se trouve placée dans une situation qui lui permettra en temps voulu de se souvenir de Dieu, la Personne Suprême. Nous verrons plus loin que Gajendra était auparavant le roi Indradyumna et que d'une façon ou d'une autre, dans sa vie suivante, il devint le roi des éléphants. Or, Gajendra était maintenant en danger, et bien qu'il ne se trouvât pas dans un corps humain, il se souvint du stotra qu'il avait récité dans sa vie antérieure. Yatate ca tato bhuyah samsiddhau kuru-nandana. Afin de permettre à un être vivant d'atteindre la perfection, Krsna lui donne à nouveau l'occasion de se souvenir de Lui. La preuve nous en est donnée ici: Gajendra, le roi des éléphants, était dans une situation périlleuse, mais ce fut pour lui une occasion de se rappeler ses activités dévotionnelles passées et d'être ainsi sauvé sur-le-champ par Dieu, la Personne Suprême.

Il est donc impératif que tous les bhaktas au sein du Mouvement pour la Conscience de Krsna pratiquent la récitation d'un mantra. On doit assurément réciter le mantra Hare Krsna, qui est le maha-mantra, ou "grand mantra", mais l'on doit aussi réciter régulièrement cintamani-prakara-sadmasu ou le Nrsimha stotra (ito nrsimhah parato nrsimho yato yato yami tato nrsimhah). Chaque bhakta doit apprendre à réciter un mantra à la perfection, de telle sorte que même s'il n'atteint pas à une conscience spirituelle parfaite dans cette vie, il n'oubliera pas la conscience de Krsna lors de sa prochaine vie, même s'il devient un animal. Bien entendu, un bhakta doit s'efforcer de parfaire sa conscience de Krsna dans la présente vie, car la seule compréhension de Krsna et de Ses instructions permet de retourner en notre demeure originelle auprès de Dieu, la Personne Suprême, en quittant ce corps. Même en cas d'échec, la pratique de la conscience de Krsna n'est jamais en vain. Ajamila, par exemple, apprit dans son enfance à chanter le Nom de Narayana, guidé par son père. Plus tard, il démérita et devint un ivrogne, un débauché, un bandit et un voleur. Néanmoins, pour avoir prononcé le Nom de Narayana en appelant son fils nommé ainsi, il atteignit un haut niveau de conscience spirituelle bien qu'il se fût livré à des activités pécheresses. Quelles que soient les circonstances, nous ne devons donc jamais oublier le chant du mantra Hare Krsna. Cela nous aidera au sein des pires dangers, comme ce fut le cas pour Gajendra.

VERSET 2

sri-gajendra uvaca
om namo bhagavate tasmai
yata etac cid-atmakam
purusayadi-bijaya
paresayabhidhimahi

TRADUCTION

Gajendra, le roi des éléphants, dit:

Je présente mon respectueux hommage à la Personne Suprême, Vasudeva [om namo bhagavate vasudevaya]. Grâce à Lui, l'esprit anime ce corps matériel; Il est donc à l'origine de l'existence de tous les êtres. Il est digne de l'adoration de hauts personnages tels que Brahma et Siva, et Il habite le coeur de chaque être vivant. Que ma méditation se porte sur Lui.

TENEUR ET PORTEE

Dans ce verset, les mots etac cid-atmakam revêtent une grande importance. Le corps matériel n'est assurément constitué que par des éléments matériels, mais lorsqu'on s'éveille à la compréhension que donne la conscience de Krsna, le corps n'est plus matériel, mais spirituel. Le corps de matière est destiné au plaisir des sens, alors que le corps spirituel participe au service d'amour transcendantal du Seigneur. On ne doit donc pas penser que le corps d'un bhakta qui sert Dieu, la Personne Suprême, et pense constamment à Lui, est matériel. Gurusu naramatih: il ne faut donc plus considérer le maître spirituel comme un être humain ordinaire pourvu d'un corps matériel. Arcye visnau sila-dhih: chacun sait que la murti dans le temple est en pierre; mais penser qu'elle est seulement de pierre constitue une offense. De même, penser que le corps du maître spirituel est composé d'éléments matériels est une offense. Les athées pensent que les bhaktas adorent stupidement une statue de pierre en la prenant pour Dieu, et qu'ils vénèrent un homme ordinaire en tant que leur guru. Quoi qu'il en soit, le fait est que, par la grâce de la toute-puissance de Krsna, la murti, cette prétendue statue de pierre, est directement Dieu, la Personne Suprême; de même, le corps du maître spirituel est directement spirituel. On doit comprendre que le pur bhakta qui sert le Seigneur avec une dévotion sans partage se situe à un niveau transcendantal purement spirituel (sa gunan samatityaitan brahma-bhuyaya kalpate). Offrons donc notre hommage à Dieu, la Personne Suprême, par la miséricorde duquel les objets qualifiés de matériels peuvent devenir spirituels lorsqu'ils sont utilisés à des fins spirituelles.

L'omkara (pranava) est le son symbolique qui représente Dieu, la Personne Suprême. Om tat sad iti nirdeso brahmanas tri-vidhah smrtah: les trois mots om tat sat invoquent directement le Seigneur. C'est pourquoi Krsna dit être l'omkara dans tous les mantras védiques (pranavah sarva-vedesu). Les mantras védiques commencent par omkara, afin que Dieu, la Personne Suprême, soit immédiatement mentionné. Le Srimad-Bhagavatam, par exemple, commence par les mots om namo bhagavate vasudevaya. Il n'y a aucune différence entre le Seigneur Suprême, Vasudeva, et omkara (pranava). Nous devons faire attention à bien comprendre qu'omkara ne désigne rien de nirakara, ou "sans forme". D'ailleurs, ce verset l'annonce d'emblée: om namo bhagavate. Bhagavan est une personne. L'omkara représente donc Dieu, la Personne Suprême, et non un concept impersonnel comme les philosophes mayavadis le pensent. Dans ce verset, le mot purusaya l'exprime clairement. La Vérité suprême désignée par l'omkara est purusa, la Personne Suprême; Elle n'est pas impersonnelle. A moins d'être une personne, comment Dieu pourrait-Il dominer les grands et vaillants dirigeants de l'univers? Visnu, Brahma et Siva sont les dirigeants suprêmes de cet univers, mais Sri Visnu reçoit les hommages même de Siva et de Brahma. Le mot paresaya utilisé dans ce verset souligne donc que Dieu, la Personne Suprême, est adoré par de grands devas. Paresaya signifie paramesvara. Brahma et Siva sont des isvaras c'est-à-dire de grands dirigeants, mais Sri Visnu est paramesvara, le dirigeant suprême.

VERSET 3

yasminn idam yatas cedam
yenedam ya idam svayam
yo smat parasmac ca paras
tam prapadye svayambhuvam

TRADUCTION

La Divinité Suprême représente le niveau ultime sur lequel tout repose, le principe dont tout émane, le créateur et la cause unique de cette manifestation cosmique. Malgré cela, Elle reste différente de la cause et du résultat. Je m'abandonne à Dieu, la Personne Suprême, qui Se suffit à Lui-même en toutes choses.

TENEUR ET PORTEE

Le Seigneur dit dans la Bhagavad-gita (9.4): maya tatam idam sarvam jagad avyakta-murtinasruti-mantra: yato va imani bhutani jayante. yena jatani jivanti. yat prayanty abhisamvisanti. La cause originelle de tout ce qui existe est Dieu, et après avoir été réduit à néant, tout rentre à nouveau en Lui (prakrtim yanti mamikam). Ainsi, le Seigneur Suprême, la Personne Divine —Ramacandra ou Krsna—, est la cause originelle de toutes choses. —"Je suis Dieu, la Personne Suprême, mais tout repose sur Mon énergie, tout comme un récipient en terre repose sur le sol." Un récipient en terre est posé sur un support dérivé de la terre. Il est fabriqué par un potier dont le corps est lui-même un produit de la terre. Le tour du potier, avec lequel le récipient est fabriqué, procède aussi de la terre, et les matériaux dont on a fait le pot appartiennent également à la terre. Comme le confirme le

isvarah paramah krsnah
sac-cid-ananda-vigrahah
anadir adir govindah
sarva-karana-karanam

"Krsna, connu sous le nom de Govinda, est le maître suprême. Son Corps est éternel, plein de félicité et spirituel. Il est à l'origine de tout. Il n'a pas d'autre origine que Lui-même, car Il est la Cause originelle de toutes les causes." (B.s., 5.1) Le Seigneur est la cause de toutes choses, mais Sa propre existence n'a pas de cause. Sarvam khalv idam brahma. Mat-sthani sarva-bhutani na caham tesv avasthitah. Bien qu'Il soit toutes choses, Lui-même, en tant que personne, diffère de la manifestation cosmique.

VERSET 4

yah svatmanidam nija-mayayarpitam
kvacid vibhatam kva ca tat tirohitam
aviddha-drk saksy ubhayam tad iksate
sa atma-mulo vatu mam parat-parah

TRADUCTION

En déployant Sa propre énergie, Dieu, la Personne Suprême, maintient la manifestation cosmique visible, et parfois la rend invisible. Il est à la fois la cause suprême et le résultat suprême, Celui qui observe et Celui qui est témoin en toutes circonstances. Il est donc transcendantal par rapport à tout. Puisse-t-Il m'accorder Sa protection, Lui, le Seigneur Souverain.

TENEUR ET PORTEE

Dieu, la Personne Suprême, possède de multiples puissances (parasya saktir vividhaiva sruyate). Aussi, dès qu'Il le désire, Il peut utiliser l'une d'entre elles, et c'est ainsi qu'Il crée cette manifestation cosmique. Puis, lorsque la création matérielle est anéantie, elle repose à nouveau en Lui. Néanmoins, Il reste le témoin suprême et infaillible. Immuable en toutes circonstances, le Seigneur agit seulement en tant que témoin et Se situe au-delà de la création et de l'anéantissement.

VERSET 5

kalena pancatvam itesu krtsnaso
lokesu palesu ca sarva-hetusu
tamas tadasid gahanam gabhiram
yas tasya pare bhivirajate vibhuh

TRADUCTION

En temps voulu, lorsque les manifestations des causes et des effets de l'univers, ainsi que les planètes et leurs maîtres, sont anéantis, surviennent de profondes ténèbres. Mais au-dessus de ces ténèbres Se trouve Dieu, la Personne Suprême. Je me refugie à Ses pieds pareils-au-lotus.

TENEUR ET PORTEE

Les mantras védiques nous enseignent que Dieu, la Personne Suprême, est au-dessus de tout. Il est suprême, supérieur aux devas, y compris Brahma et Siva. Il est le maître suprême. Lorsque tout disparaît sous l'influence de Son énergie, le cosmos se trouve plongé dans d'épaisses ténèbres. Aditya-varnam tamasah parastat: Dieu, le Seigneur Suprême, est néanmoins comparable à la lumière du Soleil, comme le confirme ce mantra védique. Dans notre expérience de tous les jours, lorsque ici-bas nous sommes dans l'obscurité de la nuit, le Soleil brille toujours quelque part dans le ciel. De même, Dieu, la Personne Suprême, le Soleil suprême, demeure toujours lumineux, même lorsque l'entière manifestation cosmique est finalement anéantie.

VERSET 6

na yasya deva rsayah padam vidur
jantuh punah ko rhati gantum iritum
yatha natasyakrtibhir vicestato
duratyayanukramanah sa mavatu

TRADUCTION

Un acteur qui est déguisé de manière attractive et qui exécute différents mouvements de danse est souvent incompris du public. De la même façon, les actes et l'aspect externe de l'artiste suprême restent incompréhensibles même pour les devas et les grands sages, et à plus forte raison pour ceux qui sont, comme les animaux, dépourvus d'intelligence. Ni les devas et les sages ni les sots ne peuvent saisir les caractéristiques du Seigneur ou expliquer par des mots Sa position réelle. Puisse-t-Il, Lui le Seigneur Suprême, m'accorder Sa protection!

TENEUR ET PORTEE

Kuntidevi exprima une compréhension analogue; le Seigneur Suprême est omniprésent, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il est même situé dans le coeur. Sarvasya caham hrdi sannivisto. Isvarah sarva-bhutanam hrd-dese rjuna tisthati. Ces mots indiquent que l'on peut trouver le Seigneur Suprême à l'intérieur de son propre coeur. De très nombreux yogis essaient de Le trouver. Dhyanavasthita-tad-gatena manasa pasyanti yam yoginah. Malgré cela, même de grands yogis, des devas, des saints et des sages sont demeurés incapables de saisir les caractéristiques physiques de ce grand artiste, ou de comprendre la signification de Ses mouvements. Que dire alors des penseurs ordinaires, comme les soi-disant philosophes de ce monde matériel? Il leur est impossible de Le comprendre. Nous devons donc accepter les déclarations faites par le Suprême lorsqu'Il a la bonté de S'incarner afin de nous instruire. Nous devons simplement croire ce que disent Sri Ramacandra, Sri Krsna et Sri Caitanya Mahaprabhu, et suivre Leurs traces. Nous pourrons alors comprendre la raison d'être de Leur venue en ce monde.

janma karma ca me divyam
evam yo vetti tattvatah
tyaktva deham punar janma
naiti mam eti so rjuna
(B.g., 4.9)

Si, par la grâce du Seigneur, on peut comprendre Sa position divine, on sera sur-le-champ délivré, même dans ce corps matériel. Ce dernier n'aura plus aucune utilité, et toutes les activités qui seront accomplies par son intermédiaire seront des activités conscientes de Krsna. De cette manière, on peut abandonner son corps et retourner auprès de Dieu, la Personne Suprême, en sa demeure originelle.

VERSET 7

didrksavo yasya padam sumangalam
vimukta-sanga munayah susadhavah
caranty aloka-vratam avranam vane
bhutatma-bhutah suhrdah sa me gatih

TRADUCTION

Les renonçants et les grands sages, qui considèrent tous les êtres vivants d'un oeil égal, qui se montrent amicaux envers chacun et qui accomplissent parfaitement leurs voeux de brahmacarya, de vanaprastha et de sannyasa dans la forêt, désirent voir les pieds pareils-au-lotus de Dieu, la Personne Suprême, source de toute heureuse fortune. Puisse-t-Il être ma destination!

TENEUR ET PORTEE

Ce verset expose les caractéristiques des bhaktas ou des gens qui sont spirituellement très évolués. Les bhaktas traitent toujours tous les êtres sur un pied d'égalité et n'établissent pas de différence entre les classes supérieures ou inférieures. Panditah sama-darsinah: ils considèrent chaque être comme une âme spirituelle qui fait partie intégrante du Seigneur Suprême. Aussi ont-ils qualité pour rechercher Dieu, la Personne Suprême. Comprenant qu'Il est l'ami de tous (suhrdam sarva-bhutanam), ils agissent eux-mêmes comme les amis de tous, au nom du Seigneur Suprême. Ils n'établissent aucune différence entre telle ou telle nation, telle ou telle communauté; ils prêchent en tous lieux la conscience de Krsna, telle que l'enseigne la Bhagavad-gita. Ils se rendent ainsi dignes de contempler les pieds pareils-au-lotus du Seigneur. On appelle paramahamsas ces prédicateurs de la conscience de Krsna. Les mots vimukta-sangabhaktas afin de pouvoir contempler Dieu, la Personne Suprême. indiquent qu'ils n'ont rien à voir avec les conditions matérielles. Nous devons nous en remettre à de tels

VERSET 8-9

na vidyate yasya ca janma karma va
na nama-rupe guna-dosa eva va
tathapi lokapyaya-sambhavaya yah
sva-mayaya tany anukalam rcchati

tasmai namah paresaya
brahmane nanta-saktaye
arupayoru-rupaya
nama ascarya-karmane

TRADUCTION

Dieu, la Personne Suprême, ne naît pas de façon matérielle; Il n'a pas d'activités, de nom, de forme, de qualité ou de défauts. Grâce à Sa puissance interne et originelle, et afin d'accomplir le dessein pour lequel ce monde matériel a été créé et sera détruit, Il apparaît sous les traits d'un être humain tel que Sri Rama ou Sri Krsna. Ses pouvoirs sont immenses et Il agit de façon merveilleuse en de nombreuses Formes, toutes exemptes de souillure matérielle. Il est donc le Brahman Suprême. Je Lui présente mes respects.

TENEUR ET PORTEE

Il est dit dans le Visnu Purana: gunams ca dosams ca mune vyatita samasta-kalyana-gunatmako hi. Dieu, la Personne Suprême, n'a pas de forme matérielle pas plus que de qualités ou de défauts. Il est spirituel et en Lui seul se trouvent réunies toutes les qualités spirituelles. Le Seigneur dit dans la Bhagavad-gita (4.8): paritranaya sadhunam vinasaya ca duskrtam. Les Activités par lesquelles Il sauve Ses bhaktas et anéantit les asuras sont transcendantales. Quiconque est anéanti par Dieu acquiert les mêmes résultats qu'un bhakta protégé par Lui; tous deux sont élevés à la transcendance. La seule différence est que le bhakta retourne directement sur les planètes spirituelles et devient un compagnon du Seigneur Suprême, alors que l'être démoniaque atteint brahmaloka, le rayonnement impersonnel du Seigneur. Quoi qu'il en soit, tous deux atteignent le niveau transcendantal. Lorsque le Seigneur tue ou extermine les asuras, cet Acte n'est pas exactement comparable à celui d'une personne qui en tue une autre dans le monde matériel. Bien qu'Il semble agir sous l'influence des gunas, Il est nirguna, c'est-à-dire au-dessus des modes d'influence de la nature. Son Nom n'est pas matériel; autrement, comment pourrions-nous obtenir la libération en chantant Hare Krsna, Hare Rama? Les Noms du Seigneur tels que Rama et Krsna ne sont pas différents des Personnes Rama et Krsna. Aussi, en récitant le mantra Hare Krsna, nous sommes constamment en compagnie de Rama et de Krsna —Dieu, la Personne Suprême—, et atteignons ainsi la libération. Prenons l'exemple concret d'Ajamila, qui demeura toujours transcendantal à ses actes simplement en prononçant le Nom de Narayana. Si cela est vrai dans le cas d'Ajamila, que dire alors du Seigneur Suprême. Lorsque Dieu apparaît dans ce monde matériel, Il ne devient pas pour autant un produit de la matière. Ceci est confirmé tout au long de la Bhagavad-gita (janma-karma ca me divyam, avajananti mam mudhah manusim tanum asritam). Lorsque Dieu, la Personne Suprême —Rama ou Krsna— descend afin d'agir de façon transcendantale pour notre bien, nous ne devrions pas Le considérer comme un être humain ordinaire. Lorsque le Seigneur vient ici-bas, Il le fait en vertu de Son énergie spirituelle (sambhavamy atma-mayaya). N'étant pas obligé de venir par l'intermédiaire de l'énergie matérielle, Il demeure toujours transcendantal. On ne doit pas considérer le Seigneur Suprême comme un être humain ordinaire. Les formes et les noms matériels sont souillés, mais la Forme et le Nom spirituels sont de nature trancendantale.

VERSET 10

nama atma-pradipaya
saksine paramatmane
namo giram viduraya
manasas cetasam api

TRADUCTION

Je présente mon respectueux hommage à Dieu, l'Ame Suprême qui est source de Sa propre lumière. Il est le témoin présent dans le coeur de chacun, Il illumine l'âme individuelle et ne peut être atteint au moyen d'exercices du mental, des paroles ou de la conscience.

TENEUR ET PORTEE

L'effort mental, physique ou intellectuel ne permet pas à l'âme individuelle de réaliser Krsna, Dieu, la Personne Suprême. C'est par la miséricorde de Dieu que l'âme individuelle peut être éclairée. Le Seigneur est donc appelé ici atma-pradipa. Il est comme le Soleil qui illumine tout et ne peut être illuminé par quoi que ce soit. Par suite, comme nous l'enseigne la Bhagavad-gita, si l'on désire sérieusement réaliser le Suprême, c'est de Lui qu'on doit recevoir la lumière de la connaissance. Nous ne pouvons concevoir Dieu, la Personne Suprême, par nos pouvoirs mentaux, physiques ou intellectuels.

VERSET 11

sattvena pratilabhyaya
naiskarmyena vipascita
namah kaivalya-nathaya
nirvana-sukha-samvide

TRADUCTION

Les purs bhaktas dont l'existence baigne dans la transcendance du bhakti-yoga sont à même de réaliser Dieu, la Personne Suprême. Il accorde un bonheur sans tache et Il est le maître du monde transcendantal. C'est pourquoi je Lui présente mon respectueux hommage.

TENEUR ET PORTEE

C'est seulement par l'intermédiaire du service de dévotion, comme le déclare la Bhagavad-gita, que l'on peut connaître Dieu, la Personne Suprême. Bhaktya mam abhijanati yavan yas casmi tattvatah. Il est indispensable d'avoir recours au service de dévotion si l'on veut véritablement connaître Dieu. Ces activités sont dites sattvas, ou suddha-sattvas. Dans le monde matériel, on apprécie les activités vertueuses qui caractérisent un brahmana pur. Mais les activités du service de dévotion sont suddha-sattvas; en d'autres termes, elles se situent au niveau transcendantal. Ce n'est que grâce au service de dévotion qu'on peut comprendre le Suprême.

Le service de dévotion est qualifié de naiskarmya. Le simple rejet de l'activité matérielle est insuffisant. Naiskarmyam apy acyuta-bhavavarjitam. Ne plus agir de façon matérielle ne nous aidera en rien, à moins d'accomplir des activités s'inscrivant dans le cadre de la conscience de Krsna. De nombreux sannyasis très élevés cessèrent toute activité dans l'espoir d'atteindre le naiskarmya, de se délivrer de l'activité matérielle. Néanmoins, ils échouèrent et durent retourner à un niveau matériel pour agir en matérialistes. Au contraire, une fois que l'on se livre aux activités spirituelles du bhakti-yoga, on ne retombe plus. Le but de notre Mouvement pour la Conscience de Krsna est donc d'amener tout le monde à se livrer constamment à des activités spirituelles, grâce auxquelles on peut transcender l'action matérielle. Les activités spirituelles du bhakti-margasravanam kirtanam visnoh smaranam pada-sevanam— nous amènent à comprendre ce qui touche à Dieu, la Personne Suprême. Ainsi, comme l'énonce ce verset: sattvena pratilabhyaya naiskarmyena vipascita —"Les purs bhaktas dont l'existence baigne dans la transcendance grâce au bhakti-yoga peuvent réaliser Dieu, la Personne Suprême."

Le Gopala-tapani Upanisad (15) définit le naiskarmya comme suit: bhaktir asya bhajanam tad ihamutropadhi-nairasyenaivamusmin manasah kalpanam eva ca naiskarmyam. Celui qui se consacre pleinement à des activités conscientes de Krsna sans désirs matériels de jouissance —que ce soit ici ou dans les systèmes planétaires supérieurs, dans la vie présente ou dans une vie future (iha-amutra) —agit dans le cadre du naiskarmya. Anyabhilasita-sunyam. Lorsqu'on est délivré de toute souillure et qu'on agit dans le service de dévotion sous la direction d'un maître spirituel, on parvient au niveau du naiskarma. Tel est le service de dévotion transcendantal par l'intermédiaire duquel le Seigneur doit être servi. Je Lui présente mon respectueux hommage.

VERSET 12

namah santaya ghoraya
mudhaya guna-dharmine
nirvisesaya samyaya
namo jnana-ghanaya ca

TRADUCTION

Je présente mon respectueux hommage à Vasudeva, qui est omniprésent, à Nrsimhadeva, la Forme redoutable du Seigneur, à Sa Forme animale [Varahadeva], à Dattatreya, qui prêcha l'impersonnalisme, à Buddha et à toutes les autres incarnations. Je présente mon respectueux hommage au Seigneur, qui est dénué d'attributs matériels mais qui assume les trois gunasvertu, passion et ignorance] en cet univers matériel. Je présente également mon respectueux hommage au rayonnement du Brahman impersonnel. [

TENEUR ET PORTEE

Comme le verset précédent l'expliquait, Dieu, la Personne Suprême, n'a pas de forme matérielle; malgré cela, Il affecte d'innombrables Formes afin de donner des marques de Sa faveur à Ses bhaktas et d'anéantir les asuras. Le Srimad-Bhagavatam enseigne que les manifestations de Dieu en ce monde sont tellement nombreuses qu'on les compare aux vagues d'une rivière. Ces vagues se succèdent sans fin et il est impossible de les dénombrer. De la même manière, personne ne peut déterminer quand et comment apparaissent les différentes manifestations du Seigneur selon les nécessités du moment, du lieu et des postulants. Le Seigneur apparaît constamment. Krsna dit dans la Bhagavad-gita (4.7):

yada yada hi dharmasya
glanir bhavati bharata
abhyutthanam adharmasya
tadatmanam srjamy aham

"Chaque fois qu'en un endroit de l'univers la spiritualité voit un déclin et que s'élève l'irréligion, ô descendant de Bharata, Je descends en personne." Dans l'univers matériel, la possibilité de s'éloigner de la Conscience de Krsna existe toujours, et c'est pourquoi Krsna et Ses bhaktas
agissent sous différents aspects afin de réprimer cette impiété.

Même les impersonnalistes, qui mettent l'accent sur la connaissance parfaite caractérisant Dieu, la Personne Suprême, désirent se fondre dans le rayonnement du Seigneur. C'est pourquoi, comme l'indique dans ce verset le mot jnana-ghanaya, ces différents avataras Se manifestent pour les athées qui refusent de croire à la Forme et à l'existence du Seigneur. Vu les nombreuses Formes sous lesquelles Celui-ci vient pour nous enseigner, personne ne peut soutenir qu'Il n'existe pas. Le mot jnana-ghanaya est particulièrement utilisé ici pour désigner ceux dont la connaissance s'est affermie à force de rechercher le Seigneur par l'intermédiaire d'une compréhension philosophique théorique. Un savoir superficiel n'est d'aucune utilité pour comprendre Dieu, la Personne Suprême, mais lorsque la connaissance devient très intense et très profonde, on comprend alors qui est Vasudeva (vasudevah sarvam iti sa mahatma sudurlabhah). C'est après de très nombreuses naissances qu'un jnani atteint ce niveau, d'où le mot jnana-ghanaya dans ce verset. Le mot santaya signifie que Vasudeva Se trouve dans le coeur de chacun, mais n'agit pas de concert avec l'être vivant. Les jnanis impersonnalistes réalisent Vasudeva quand leur savoir atteint sa pleine maturité (vasudevah sarvam iti sa mahatma sudurlabhah).

VERSET 13

ksetra-jnaya namas tubhyam
sarvadhyaksaya saksine
purusayatma-mulaya
mula-prakrtaye namah

TRADUCTION

Je Te supplie d'accepter mon hommage respectueux, Toi, l'Ame Suprême, directeur de toute chose et témoin de tout ce qui arrive. Tu es la Personne Suprême, l'origine de la nature matérielle et de l'énergie matérielle totale. Le corps matériel T'appartient également; Tu es donc suprêmement complet. Je Te présente mon respectueux hommage.

TENEUR ET PORTEE

Le Seigneur dit dans la Bhagavad-gita (13.3): ksetra-jnam capi mam viddhi sarva-ksetresu bharata —"Comprends, ô descendant de Bharata, que Je suis Celui qui connaît tous les corps." Chacun de nous pense "Je suis ce corps" ou "Ceci est mon corps", mais la vérité est en fait bien différente. Notre corps nous est octroyé par le propriétaire suprême. L'être vivant, qui est aussi ksetra-jna —celui qui connaît le corps— n'en est pas le seul propriétaire. Le véritable propriétaire du corps est Dieu, la Personne Suprême, le ksetra-jna suprême. Lorsque, par exemple, nous louons et occupons une maison, celle-ci appartient en fait au propriétaire. De la même façon, nous pouvons être pourvus d'un certain type de corps pour pouvoir jouir de la vie ici-bas, mais en fait le vrai propriétaire de ce corps est Dieu, la Personne Suprême. On L'appelle sarvadhyaksa car tout en ce monde fonctionne sous Sa direction. Le Seigneur le confirme en disant dans la Bhagavad-gita (9.10): mayadhyaksena prakrtih suyate sacaracaram —"Cette nature matérielle, qui agit sous Ma direction, ô fils de Kunti, engendre tous les êtres mobiles et immobiles." De la nature matérielle, ou prakrti, sont issues de nombreuses variétés d'êtres vivants: les êtres aquatiques, les plantes, les arbres, les insectes, les oiseaux, les animaux terrestres, les êtres humains et les devas. Prakrti représente la mère, et Dieu, la Personne Suprême, est le père (aham bijapradah pita).

La prakrti peut bien nous octroyer un corps matériel, mais en tant qu'âmes spirituelles, nous demeurons des parcelles intégrantes de Dieu, la Personne Suprême. La Bhagavad-gita (15.7) le confirme: mamaivamso jivaloke jiva-bhutah sanatanah. L'être vivant, parcelle intégrante de Dieu, ne provient pas du monde matériel. Le Seigneur est donc qualifié d'atma-mula dans ce verset, car Il représente la source originelle de tout ce qui existe. Il est la semence à l'origine de toute existence (bijam mam sarva-bhutanam). Il dit dans la Bhagavad-gita (14.4):

sarva-yonisu kaunteya
murtayah sambhavanti yah
tasam brahma mahad yonir
aham bija-pradah pita

"Comprends cela, ô fils de Kunti, que toutes espèces de vie procèdent du sein de la nature matérielle, et que J'en suis le père, qui donne la semence." Les plantes, les arbres, les insectes, les espèces aquatiques, les devas, les animaux terrestres, les oiseaux et tous les êtres vivants quelle que soit leur espèce, sont les fils du Seigneur, ou Ses parties intégrantes; mais parce qu'ils sont aux prises avec différentes mentalités, ils reçoivent des types de corps variés (manah sasthanindriyani prakrti-sthani karsati). Ils deviennent ainsi les enfants de la prakrti, la nature matérielle, qui est fécondée par Dieu, la Personne Suprême. Tous les êtres ici-bas luttent pour vivre, et seul l'abandon total au Seigneur apporte le salut, ou allège les souffrances dues au processus de l'évolution qu'est le cycle des morts et des renaissances. C'est là ce que souligne le mot namah, "Je présente mon respectueux hommage".

VERSET 14

sarvendriya-guna-drastre
sarva-pratyaya-hetave
asata cchayayoktaya
sad-abhasaya te namah

TRADUCTION

Mon Seigneur, Tu es Celui qui observe tous les buts vers lesquels tendent les sens. Sans Ta miséricorde, il est impossible d'écarter les doutes. Le monde matériel est comme une ombre qui Te ressemble. On le considère comme réel du fait qu'il donne un aperçu de Ton existence.

TENEUR ET PORTEE

On peut paraphraser ce verset comme suit: "Tu observes les objectifs des activités des sens. L'être vivant ne peut même pas faire un pas sans que Tu le guides. La Bhagavad-gita (15.15) le confirme: sarvasya caham hrdi sannivisto mattah smrtir jnanam apohanam ca —Tu es présent dans le coeur de chacun, et de Toi seulement viennent le souvenir et l'oubli. Chayeva yasya bhuvanani bibharti durga. Sous l'emprise de maya, l'être vivant veut goûter aux plaisirs de ce monde matériel, mais à moins que Tu ne le diriges et que Tu ne lui donnes le souvenir, il ne fera aucun progrès vers l'objectif qu'il poursuit dans la vie, lequel est comparé à une ombre. L'âme conditionnée se dirige à tort vers un but erroné, vie après vie, et c'est Toi qui lui remets ce but en mémoire. Au cours d'une vie, l'âme conditionnée désire progresser vers un certain objectif, mais elle oublie tout en changeant de corps. Néanmoins, ô Seigneur, parce qu'elle désire jouir de quelque chose en ce monde, Tu le lui rappelles lors de sa vie suivante. Mattah smrtir jnanam apohanam ca. Du fait que l'âme conditionnée désire T'oublier, par Ta grâce Tu lui procures vie après vie les moyens pour ce faire, de façon quasiment perpétuelle. Tu diriges donc éternellement les âmes conditionnées. C'est parce que Tu es la cause originelle de tout que tout semble réel. C'est Toi la réalité ultime, Dieu, la Personne Suprême. Je Te présente mon respectueux hommage."

Srila Visvanatha Cakravarti Thakura analyse le mot sarva-pratyaya-hetave. Il explique qu'en observant un résultat, on peut avoir une idée de ce qui l'a causé. A titre d'exemple, étant donné qu'un pot en terre résulte du travail d'un potier, en voyant ce pot, on peut deviner l'existence du potier. De même, cet univers matériel ressemble au monde spirituel, et toute personne intelligente peut deviner comment il fonctionne. Comme la Bhagavad-gita l'explique, mayadhyaksena prakrtih suyate sa-caracaram. Les activités de l'univers matériel donnent à entendre qu'il y a derrière elles la direction et la surveillance du Seigneur.

VERSET 15

namo namas te khila-karanaya
niskaranayadbhuta-karanaya
sarvagamamnaya-maharnavaya
namo pavargaya parayanaya

TRADUCTION

O Seigneur bien-aimé, Tu es la Cause de toutes les causes, mais Toi-même, Tu n'as pas de cause. Tu es donc la merveilleuse source de tout ce qui existe. Je Te présente mon respectueux hommage: Tu es le refuge de la connaissance védique contenue dans les sastras, tels que les Pancaratras et le Vedanta-sutra, qui Te représentent et qui sont à l'origine de la parampara. Tu es l'unique refuge de tous les spiritualistes, car c'est Toi qui peux octroyer la libération. Daigne accepter mon respectueux hommage.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset définit Dieu, la Personne Suprême, comme la cause merveilleuse. Dieu est merveilleux dans le sens que bien qu'il puisse exister un nombre illimité d'émanations de Sa Personne (janmady asya yatah), Il demeure toujours complet (purnasya purnam adaya purnam evavasisyate). L'expérience que nous avons de ce monde nous enseigne que si nous avons dix millions de francs sur notre compte en banque et retirons régulièrement de l'argent, à la fin le compte sera vide. Cependant, le Seigneur Suprême demeure toujours Dieu, la Personne Suprême, bien que d'innombrables Personnes Suprêmes émanent de Lui. Purnasya purnam adaya purnam evavasisyate: Il est donc "la cause merveilleuse". Govindam adi-purusam tam aham bhajami.

isvarah paramah krsnah
sac-cid-ananda-vigrahah
anadir adir govindah
sarva-karana-karanam

"Krsna, qu'on connaît sous le nom de Govinda, est le maître suprême. Son Corps est éternel, spirituel et plein de félicité. Il est l'origine de tout ce qui existe. Etant la Cause originelle de toutes les causes, Il n'a Lui-même pas d'autre origine." (B.s., 5.1) Nous savons que, même dans ce monde matériel, le Soleil existe depuis des millions d'années, répandant chaleur et lumière depuis sa création, et qu'il garde pourtant son pouvoir intact, sans jamais changer. Que dire alors de la cause suprême, param brahma, ou Krsna? Tout émane perpétuellement de Lui, et néanmoins Il garde Sa Forme originelle (sac-cid-ananda-vigrahah). Krsna Lui-même enseigne dans la Bhagavad-gita (10.8): mattah sarvam pravartate —"Tout émane de Moi." Toutes choses émanent éternellement de Krsna; pourtant, Il demeure toujours le même Krsna, immuable. Il est donc le refuge de tous les spiritualistes désireux d'échapper à l'emprise matérielle.

Tous, nous devons prendre refuge en Krsna. On trouve donc le conseil suivant:

akamah sarva-kamo va
moksa-kama udara-dhih
tivrena bhakti-yogena
yajeta purusam param

"Que l'on désire tout avoir, que l'on n'ait aucun désir, ou que l'on aspire à se fondre dans l'existence du Seigneur, on est intelligent que si l'on adore Sri Krsna, Dieu, la Personne Suprême, en Le servant avec un amour purement spirituel." Krsna est param brahma, le Seigneur Suprême, et param dhama, le repos suprême. C'est pourquoi quiconque désire la moindre chose —qu'il soit un karmi, un jnani ou un yogi— doit essayer avec sérieux de percevoir Dieu, la Personne Suprême; tous ses désirs seront ainsi satisfaits. Le Seigneur déclare: ye yatha mam prapadyante tams tathaiva bhajamy aham —"Selon que les êtres vivants s'abandonnent à Moi, Je les récompense." Même le karmi qui veut tout avoir pour son plaisir peut obtenir satisfaction de Krsna. Krsna n'aura aucun mal à lui procurer ce qu'il convoite. Néanmoins, on doit en fait adorer Krsna, Dieu, la Personne Suprême, afin d'obtenir la libération. Vedais ca sarvair aham eva vedyah. L'étude des Ecrits védiques doit nous amener à connaître Krsna. Comme le confirme ce verset, Il est l'océan, et tous les flots de la connaissance védique coulent vers Lui (sarvagamamnayamaharnavaya). Les spiritualistes intelligents se réfugient donc en Dieu, la Personne Suprême (sarva-dharman parityajya mam ekamsaranam vraja). Tel est le but ultime.

VERSET 16

gunarani-cchanna-cid-usmapaya
tat-ksobha-visphurjita-manasaya
naiskarmya-bhavena vivarjitagama-
svayam-prakasaya namas karomi

TRADUCTION

Seigneur, tout comme le feu est caché dans le bois arani, Toi et Ta connaissance illimitée vous êtes voilés par les gunas. Toutefois, Ton mental n'est pas attentif aux activités des attributs de la nature matérielle. Ceux qui possèdent un savoir spirituel élevé ne sont pas soumis aux principes régulateurs énoncés dans les Écrits védiques. Du fait que ces âmes évoluées sont transcendantales, Tu Te manifestes personnellement dans leur mental pur. Je Te présente donc mon respectueux hommage.

TENEUR ET PORTEE

Il est dit dans la Bhagavad-gita (10.11):

tesam evanukampartham
aham ajnana-jam tamah
nasayamy atma-bhava stho
jnana-dipena bhasvata

Par une miséricorde spéciale, le Seigneur accorde, de l'intérieur, l'illumination spirituelle, ou jnana-dipa, au bhakta qui garde en son coeur Ses pieds pareils-au-lotus. Ce jnana-dipa est comparé au feu qui est caché dans le bois arani. Autrefois, les grands sages n'allumaient pas directement un feu pour accomplir les sacrifices: le feu était invoqué à partir du bois arani. De même, tous les êtres vivants sont recouverts par les gunas, et le feu de la connaissance ne peut être allumé en eux que par Dieu, la Personne Suprême, lorsqu'ils Le prennent dans leur coeur. Sa vai manah krsna-padaravindayoh. Krsna, qui siège dans le coeur de chacun, détruit toute forme d'ignorance chez celui qui s'attache avec sérieux à Ses pieds pareils-au-lotus. La torche de la connaissance permet immédiatement de tout comprendre de façon correcte grâce à la miséricorde spéciale du Seigneur Suprême, et de réaliser sa véritable identité. En d'autres termes, bien qu'un bhakta puisse extérieurement n'être guère éduqué, en vertu de son service de dévotion, Dieu lui accorde l'illumination de l'intérieur. Comment peut-on, en pareil cas, demeurer ignorant? L'allégation des mayavadis aux termes de laquelle la voie de la dévotion est destinée à ceux qui n'ont ni intelligence, ni éducation, se révèle donc fausse.

yasyasti bhaktir bhagavaty akincana
sarvair gunais tatra samasate surah
(S.B., 5.18.12)

Toutes les qualités se manifestent automatiquement en celui qui devient un pur dévot du Seigneur Suprême. Un tel bhakta est au-delà des instructions contenues dans les Vedas. C'est un paramahamsa. Même s'il n'étudie pas la littérature védique, le bhakta devient pur et illuminé par la miséricorde du Seigneur. "Aussi, ô Seigneur", dit le bhakta, "Je Te présente mon respectueux hommage."

VERSET 17

madrk prapanna-pasu-pasa-vimoksanaya
muktaya bhuri-karunaya namo layaya
svamsena sarva-tanu-bhrn-manasi pratita-
pratyag-drse bhagavate brhate namas te

TRADUCTION

Puisqu'un animal tel que moi s'est soumis à Toi, qui es suprêmement libéré, Tu me tireras certainement de cette situation périlleuse. En fait, en vertu de Ton infinie miséricorde, Tu essaies sans relâche de me délivrer. Tu sièges dans le coeur de tous les êtres incarnés sous Ta Forme partielle de Paramatma. On Te vénère en tant que connaissance transcendantale directe, et Tu es infini. Je Te présente mon respectueux hommage, à Toi, Dieu, la Personne Suprême.

TENEUR ET PORTEE

Srila Visvanatha Cakravarti Thakura a fourni une explication des mots brhate namas te: brhate sri-krsnaya. Krsna est Dieu, la Personne Suprême. Il existe de nombreux tattvas: le visnu-tattva, le jiva-tattva et le sakti-tattva, mais le visnu-tattva, qui pénètre tout, est suprême. La Bhagavad-gita (10.42) nous éclaire sur cette omniprésence de Dieu, la Personne Suprême:

athava bahunaitena
kim jnatena tavarjuna
vistabhyaham idam krtsnam
ekamsena sthito jagat

"Mais à quoi bon, ô Arjuna, toute cette connaissance détaillée? Par un simple fragment de Ma Personne, Je pénètre et soutiens l'univers entier." Krsna affirme que l'univers matériel tout entier est maintenu par Son émanation partielle, le Paramatma. En tant que Garbhodakasayi Visnu, le Seigneur pénètre dans chaque univers; Il Se déploie alors en tant que Ksirodakasayi Visnu afin d'entrer dans le coeur de tous les êtres vivants; Il pénètre même au sein des atomes. Andantara-stha-paramanu-cayantara-stham. Chaque univers est empli d'atomes, et non seulement le Seigneur est présent dans l'univers, mais également dans les atomes. Il siège donc au coeur de chaque atome sous l'un des aspects de Visnu, le Paramatma, mais tous les visnu-tattvas émanent de Krsna. La Bhagavad-gita affirme: aham adir hi devanam —Krsna est 1'adi, l'origine des divinités de ce monde matériel (Brahma, Visnu et Mahesvara). Le présent verset Le définit donc par les mots bhagavate brhate. Tout le monde est bhagavan —nous avons tous certains atouts—, mais Krsna est brhan bhagavan, Celui dont les perfections sont illimitées. Isvarah paramah krsnah. Krsna est l'origine de tous. Aham sarvasya prabhavah. Même Brahma, Visnu et Mahesvara émanent de Krsna. Mattah parataram nanyat kincid asti dhananjaya: nulle personnalité n'est supérieure à Krsna. Visvanatha Cakravarti Thakura conclut donc que bhagavate brhate signifie "à Sri Krsna".

Du fait de leur conception corporelle de l'existence, tous les êtres de ce monde sont des pasus, des animaux.

yasyatma-buddhih kunape tri-dhatuke
sva-dhih kalatradisu bhauma ijya-dhih
yat tirtha-buddhih salile na karhicij
janesv abhijnesu sa eva go-kharah

"L'être humain qui considère son corps composé de trois éléments comme le moi, qui pense avoir des liens de parenté avec les produits de son corps, qui estime que l'endroit où il est né est digne de vénération, et qui se rend à un lieu de pèlerinage à seule fin de s'y baigner plutôt que d'y rencontrer des hommes possédant le savoir transcendantal, doit être considéré comme une vache ou un âne." (S.B., 10.84.13) Presque tous les êtres sont donc des pasus, des animaux, et tous sont assaillis par le crocodile de l'existence matérielle. Non seulement le roi des éléphants, mais chacun d'entre nous est attaqué par ce crocodile et en subit les conséquences.

Seul Krsna peut nous délivrer de cette existence matérielle, et c'est en fait ce qu'Il tente constamment de faire. Isvarah sarva-bhutanam hrd-dese rjuna tisthati. Il est présent dans nos coeurs et n'est nullement inattentif. Son seul but est de nous délivrer de cette existence matérielle. Ne croyons pas qu'Il fait attention à nous seulement lorsque nous Lui adressons des prières. Même avant que nous Lui offrions nos prières, sans trêve Il tente de nous délivrer. Il n'est jamais négligent à cet égard. Bhuri-karunaya namo layaya: ce verset affirme donc que grâce à Sa miséricorde immotivée, Dieu, la Personne Suprême, essaie toujours de nous ramener dans notre demeure originelle auprès de Lui. Dieu est libéré, et Il veut nous donner la liberté, mais bien qu'Il S'y essaie constamment, nous rejetons Ses instructions (sarvadharman parityajya mam ekam saranam vraja). Néanmoins, Krsna ne Se fâche pas et Il est donc appelé ici bhuri-karunaya, Celui qui, avec une miséricorde infinie, nous délivre des conditions misérables de l'existence matérielle et nous ramène en notre demeure originelle, dans le royaume de Dieu.

VERSET 18

atmatma-japta-grha-vitta-janesu saktair
dusprapanaya guna-sanga-vivarjitaya
muktatmabhih sva-hrdaye paribhavitaya
jnanatmane bhagavate nama isvaraya

TRADUCTION

O Seigneur, ceux qui sont totalement délivrés de la souillure matérielle méditent toujours sur Toi au fond de leur coeur. Tu es très difficile à atteindre pour un être tel que moi, exagérément attaché aux conceptions nées du mental, à son foyer, aux membres de sa famille, à ses amis, à l'argent, aux serviteurs et à ceux qui l'assistent. Tu es Dieu, la Personne Suprême, libre de la souillure due aux gunas. Tu es la source de toute illumination, le dirigeant suprême. Je T'offre donc mon respectueux hommage.

TENEUR ET PORTEE

Bien que Dieu, la Personne Suprême, descende en ce monde matériel, Il n'est pas touché par les gunas. L'Isopanisad le confirme: apapa-viddham —Il n'est pas contaminé. Le même fait est souligné ici par les mots gunasanga-vivarjitaya. Bien que Dieu, la Personne Suprême, apparaisse en tant qu'avatara dans ce monde matériel, Il n'est pas affecté par les gunas. La Bhagavad-gita (9.11) déclare: avajananti mam mudha manusim tanum asritam —les sots dépourvus de connaissance dénigrent le Seigneur parce qu'Il apparaît sous les traits d'un être humain. Aussi, seul le muktatma, l'âme libérée, peut comprendre la nature de Dieu, la Personne Suprême. Muktatmabhih sva-hrdaye paribhavitaya: seul l'être libéré est à même de penser sans cesse à Krsna. Celui-là est le plus grand de tous les yogis.

yoginam api sarvesam
mad-gatenantaratmana
sraddhavan bhajate yo mam
sa me yuktatamo matah

"D'entre tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujours en Moi, Me garde dans sa pensée et Me sert avec un amour purement spirituel, celui-là M'est le plus intimement lié par le yoga et il est le plus grand de tous. Telle est mon opinion." (B.g., 6.47)

VERSET 19

yam dharma-kamartha-vimukti-kama
bhajanta istam gatim apnuvanti
kim casiso raty api deham avyayam
karotu me dabhra-dayo vimoksanam

TRADUCTION

Après avoir adoré Dieu, la Personne Suprême, ceux qui sont intéressés par les voies de la religion, de la prospérité, de la satisfaction des sens et de la libération obtiennent de Lui ce qu'ils désirent, et à plus forte raison d'autres bénédictions. De fait, le Seigneur accorde quelquefois un corps spirituel à de tels adorateurs ambitieux. Puisse cet Etre Souverain, qui est infiniment miséricordieux, m'accorder la bénédiction de me délivrer du danger présent et de la vie matérielle.

TENEUR ET PORTEE

Certains hommes dans ce monde matériel sont dits akamis, libres de tout désir matériel; d'autres ambitionnent de toujours obtenir plus de gain, et d'autres encore désirent la réussite dans leur aspiration à la vie religieuse, à la prospérité, à la satisfaction des sens et finalement à la libération.

akamah sarva-kamo va
moksa-kama udara-dhih
tivrena bhakti-yogena
yajeta purusam param
(S.B., 2.3.10)

Il est recommandé à tous ceux —qui ne convoitent que des gains matériels, ceux qui n'en recherchent aucun, et ceux enfin qui aspirent à la libération— d'offrir au Seigneur un service de dévotion soumis, et chacun obtiendra alors satisfaction. Krsna est si bienveillant! Ye yatha mam prapadyante tams tathaiva bhajamy aham. Le Seigneur répond aux désirs de l'être vivant. Krsna exauce même un être ordinaire, quel que soit son désir. Krsna Se trouve dans le coeur de chacun, et Il donne à chacun ce qu'il désire.

isvarah sarva-bhutanam
hrd-dese rjuna tisthati
bhramayan sarva-bhutani
yantrarudhani mayaya

"Le Seigneur Suprême Se tient dans le coeur de tous les êtres, ô Arjuna et Il dirige leurs errances à tous, chacun se trouvant comme sur une machine constituée d'énergie matérielle." (B.g., 18.61) Le Seigneur donne à chacun la possibilité de satisfaire ses ambitions. Même un bhakta comme Dhruva Maharaja désirait une bénédiction matérielle: il voulait un royaume plus grand que celui de son père. Et bien qu'il reçût un corps spirituel, il obtint aussi ce royaume, car Dieu, la Personne Suprême, ne déçoit jamais celui qui cherche refuge à Ses pieds pareils-au-lotus. Ainsi, puisque Gajendra, le roi des éléphants, s'était abandonné à Lui afin d'être délivré du danger présent et, indirectement, du danger que représente la vie matérielle, pourquoi Dieu n'aurait-Il pas exaucé son désir?

VERSET 20-21

ekantino yasya na kancanartham
vanchanti ye vai bhagavat-prapannah
aty-adbhutam tac-caritam sumangalam
gayanta ananda-samudra-magnah

tam aksaram brahma param paresam
avyaktam adhyatmika-yoga-gamyam
atindriyam suksmam ivatiduram
anantam adyam paripurnam ide

TRADUCTION

Les purs bhaktas, qui n'ont d'autre désir que de servir le Seigneur, L'adorent dans un abandon total de leur personne; toujours ils chantent et écoutent le récit de Ses Activités infiniment merveilleuses et source de toute heureuse fortune. Aussi sont-ils constamment immergés dans un océan de félicité transcendantale. De tels bhaktas ne demandent jamais au Seigneur la moindre bénédiction. Quant à moi, cependant, je suis en danger. C'est pourquoi j'adresse une prière à cette Personne Suprême, éternelle et invisible, qui règne sur les plus grands personnages, comme Brahma, et n'est accessible que par le bhakti-yoga transcendantal. Extrêmement subtil, Il est au-delà de la portée de mes sens et transcende toute perception externe. Il est infini, à l'origine de toutes les causes, et complet en tout. Je Lui présente mon respectueux hommage.

TENEUR ET PORTEE

anyabhilasita-sunyam
jnana-karmady-anavrtam
anukulyena krsnanu-
silanam bhaktir uttama
(Bhakti-rasamrta-sindhu 1.1.11)

"On doit rendre un service d'amour transcendantal au Seigneur Suprême, Krsna, d'une façon qui Lui soit agréable, sans aucun désir de gain ou de profit matériels résultant d'activités intéressées ou de spéculations intellectuelles. Tel est le pur service de dévotion." Les purs bhaktas n'ont rien à demander à Dieu, la Personne Suprême, mais Gajendra, le roi des éléphants, demandait, vu les circonstances, une bénédiction immédiate car il n'avait pas d'autre moyen d'être sauvé. Parfois, quand il n'y a pas d'alternative, un pur bhakta, complètement dépendant de la miséricorde du Seigneur Suprême, prie pour obtenir une certaine bénédiction. Mais dans une telle prière il exprime aussi du regret. Celui qui constamment écoute et chante le récit des Divertissements transcendantaux du Seigneur, demeure toujours à un niveau où il n'a aucun bienfait matériel à demander. A moins que l'on ne soit un bhakta absolument pur, on ne peut goûter à la félicité transcendantale que connaissent ceux qui chantent et dansent emportés par l'extase du mouvement de sankirtana. Une telle extase n'est pas possible pour un bhakta ordinaire. Sri Caitanya Mahaprabhu nous montra comment éprouver une félicité transcendantale: il suffit de chanter, d'écouter et de danser en extase. Voilà ce que l'on entend par bhakti-yoga. Aussi, le roi des éléphants, Gajendra, souligna-t-il qu'à moins d'atteindre le plan transcendantal, on ne peut approcher le Seigneur Suprême (adhyatmika-yoga-gamyam). Cette bénédiction, on ne peut l'obtenir qu'après de très nombreuses existences. Néanmoins, Sri Caitanya Mahaprabhu l'a accordée à tout le monde, même aux âmes déchues qui n'ont aucun héritage dans la vie spirituelle; c'est ce que l'on peut voir pratiquement dans le Mouvement pour la Conscience de Krsna. Le bhakti-yoga représente donc la voie parfaitement pure permettant d'atteindre Dieu, la Personne Suprême. Bhaktyaham ekaya grahyah: seul le service de dévotion donne d'atteindre le Seigneur. Il dit Lui-même dans la Bhagavad-gita (7.1):

mayy asakta-manah partha
yogam yunjan mad-asrayah
asamsayam samagram mam
yatha jnasyasi tac chrnu

"Maintenant écoute, ô fils de Prtha. Voici de quelle manière, pleinement conscient de Moi dans la pratique du yoga, ton mental à Moi lié, tu Me connaîtras tout entier, sans plus le moindre doute." Simplement en étant attaché à la Conscience de Krsna et en portant constamment ses pensées sur les pieds pareils-au-lotus de Krsna, on peut parfaitement comprendre qui est Dieu, la Personne Suprême, sans aucun doute.

VERSET 22-24

yasya brahmadayo deva
veda lokas caracarah
nama-rupa-vibhedena
phalgvya ca kalaya krtah

yatharciso gneh savitur gabhastayo
niryanti samyanty asakrt sva-rocisah
tatha yato yam guna-sampravaho
buddhir manah khani sarira-sargah

sa vai na devasura-martya-tiryan
na stri na sandho na puman na jantuh
nayam gunah karma na san na casan
nisedha-seso jayatad asesah

TRADUCTION

Dieu, la Personne Suprême, crée les jiva-tattvas, infimes parcelles de Sa Personne, en commençant par Brahma, les devas et les manifestations du savoir védique [Sama, Rg, Yajur et Atharva], ainsi que toutes les entités vivantes, mobiles et immobiles, avec leurs différents noms et caractéristiques. Tout comme les étincelles d'un feu ou les brillants rayons du Soleil émanent de leur source et retournent dans un cycle sans fin, le mental, l'intelligence, les sens, les corps matériels grossier et subtil, et les transformations continues des différents gunas émanent tous du Seigneur et à nouveau se fondent en Lui. Il n'est ni un deva ni un asura, ni un être humain ni une bête ou un oiseau. Il n'est ni homme ni femme ni neutre, et pas davantage un animal. Il n'est pas non plus une qualité matérielle, une activité intéressée, une manifestation ou une non-manifestation. Il est le mot final de la discrimination "ni ceci, ni cela" et Il est illimité. Rendons gloire à Dieu, la Personne Suprême!

TENEUR ET PORTEE

Ceci est une brève description de la puissance illimitée de Dieu, la Personne Suprême. Cet Etre Suprême, unique, agit à différents niveaux en manifestant d'infimes parties de Sa Personne, qui sont toutes différemment situées par l'effet de Ses diverses puissances (parasya saktir vividhaiva sruyate). Chaque puissance agit tout naturellement (svabhaviki jnana-balakriya ca). En conséquence, le Seigneur est illimité. Na tat-samas cabhyadhikas ca drsyate: rien ne L'égale, rien ne Le surpasse. Bien qu'Il Se manifeste de tant de façons différentes, personnellement Il n'a rien à faire (na tasya karyam karanam ca vidyate), car chaque chose est effectuée par des manifestations de Ses énergies illimitées.

VERSET 25

jijivise naham ihamuya kim
antar bahis cavrtayebha-yonya
icchami kalena na yasya viplavas
tasyatma-lokavaranasya moksam

TRADUCTION

Je ne souhaite pas vivre plus longtemps, une fois délivré de l'emprise du crocodile. A quoi bon ce corps d'éléphant qui n'est qu'ignorance à l'extérieur comme à l'intérieur! Je désire simplement être éternellement libéré du voile d'ignorance qui m'enveloppe et qui n'est pas détruit sous l'influence du temps.

TENEUR ET PORTEE

Dans ce monde matériel, chaque être vivant est recouvert par l'obscurité de l'ignorance. En conséquence, les Vedas enseignent que l'on doit approcher le Seigneur Suprême par l'entremise d'un maître spirituel, vénéré comme suit dans les prières du Gautamiya-tantra:

om ajnana-timirandhasya
jnananjana-salakaya
caksur unmilitam yena
tasmai sri-gurave namah

"Je suis né dans les ténèbres de l'ignorance, et avec le flambeau de la connaissance, mon maître spirituel m'a ouvert les yeux. Je lui rends mon respectueux hommage." Bien que l'on puisse lutter pour l'existence dans ce monde matériel, il demeure impossible d'y vivre éternellement. On doit comprendre, cependant, que ce combat pour l'existence est dû à l'ignorance, car chaque être vivant est en fait une parcelle éternelle du Seigneur Suprême. Il est tout à fait vain de vivre comme un éléphant ou un homme, un Américain ou un Indien. On doit seulement désirer se libérer du cycle des morts et des renaissances. A cause de l'ignorance, nous considérons toute condition offerte par la nature comme agréable et source de bonheur, mais dans la vie dégradée de ce monde matériel, personne, depuis Brahma jusqu'à la fourmi, ne peut vraiment être heureux. Nous faisons toutes sortes de projets pour vivre heureux, mais il ne peut y avoir le moindre bonheur ici-bas, et ce, malgré tous nos efforts pour s'y installer de façon permanente en cette vie ou dans une autre.

VERSET 26

so ham visva-srjam visvam
avisvam visva-vedasam
visvatmanam ajam brahma
pranato smi param padam

TRADUCTION

Maintenant, désirant profondément être délivré de cette vie matérielle, je présente mon hommage respectueux à cette Personne Suprême qui a créé l'univers, qui en est Lui-même la forme et qui pourtant le transcende. Il est le connaissant suprême de toute chose en ce monde, l'Ame Suprême de l'univers. A Lui, le Non-né, le Suprême, je présente mon hommage respectueux.

TENEUR ET PORTEE

Parfois, quand on prêche le bhakti-yoga ou la conscience de Krsna aux hommes du commun, les gens argumentent: "Où est Krsna? Où est Dieu? Pouvez-vous nous Le montrer?" Ce verset nous donne la réponse: si nous sommes suffisamment intelligents, nous devons savoir que quelqu'un a dû créer l'entière manifestation cosmique, qu'Il en a fourni les différents composants, issus de Lui-même, et que cette Personne existe éternellement mais ne Se trouve pas dans ce monde manifesté. En se fondant simplement sur cette suggestion, on peut présenter son hommage respectueux au Seigneur Suprême; c'est là le commencement d'un vie de dévotion.

VERSET 27

yoga-randhita-karmano
hrdi yoga-vibhavite
yogino yam prapasyanti
yogesam tam nato smy aham

TRADUCTION

Je présente mon hommage respectueux au Suprême, à l'Ame Suprême, maître de tous les yogas, que les parfaits spiritualistes peuvent voir au fond de leur coeur après s'être complètement purifiés et libérés de toutes les conséquences de leurs activités intéressées par la pratique du bhakti-yoga.

TENEUR ET PORTEE

Gajendra, le roi des éléphants, accepta simplement qu'il devait y avoir quelqu'un à l'origine de cette manifestation cosmique et des différents éléments qui la composent. Cela devrait être reconnu par tous, même par les athées les plus acharnés. Pourquoi alors abhaktas et athées n'admettent-ils pas ce fait? La raison en est qu'ils sont souillés par les conséquences de leurs activités intéressées. On doit être libéré de toute la saleté accumulée dans le coeur à la suite d'activités intéressées auxquelles on s'est adonné les unes après les autres. Il faut se débarrasser de ces impuretés par la pratique du bhakti-yoga. Yoga-randhita-karmanah. Tant que l'on se trouve sous l'influence de l'ignorance et de la passion, il est impossible de réaliser le Seigneur Suprême. Tada rajas-tamo-bhavah kama-lobhadayas ca ye. Une fois délivré de l'emprise de l'ignorance et de la passion, on se débarrasse par là même des défauts les plus vils —kama et lobha, la concupiscence et la cupidité. De nos jours, il existe de très nombreuses écoles de yogayoga. Aussi les gens apprécient-ils beaucoup ce prétendu yoga. Ce verset définit en quoi consiste la véritable pratique du yoga. Le Srimad-Bhagavatam (12.13.1), autorité en la matière, déclare: dhyanavasthita-tad-gatena manasa pasyanti yam yoginah —le yogi est celui qui médite constamment sur les pieds pareils-au-lotus de Dieu, la Personne Suprême. Cela est aussi confirmé dans la Brahma-samhita (5.38): qui encouragent les gens à développer leur concupiscence et leur avidité grâce à la pratique du

premanjana-cchurita-bhakti-vilocanena
santah sadaiva hrdayesu vilokayanti
yam syamasundaram acintya-guna-svarupam
govindam adi-purusam tam aham bhajami

"J'adore Govinda, le Seigneur originel, qu'on nomme Syamasundara. Il est Krsna Lui-même, et Ses innombrables attributs restent inconcevables; c'est Lui que voient au plus profond de leur coeur les purs bhaktas dont les yeux sont oints du baume de l'amour et de la dévotion." Le bhakti-yogi voit constamment Syamasundara, le merveilleux Krsna à la carnation sombre. Du fait que Gajendra, le roi des éléphants, se considérait comme un animal ordinaire, il se trouvait indigne de contempler le Seigneur. Dans son humilité, il pensait qu'il ne pouvait pas pratiquer le yoga. Ceci nous amène à nous demander comment des hommes qui sont semblables à des animaux de par leur conception corporelle de la vie, et qui n'ont aucune pureté de conscience, peuvent s'adonner à la pratique du yoga. De nos jours, des individus qui n'ont aucune maîtrise de leurs sens, qui n'ont aucune compréhension de la philosophie et qui ne suivent pas les principes ou les règles de la religion, prétendent néanmoins être des yogis. Il s'agit là de la plus grande anomalie dans la pratique du yoga.

VERSET 28

namo namas tubhyam asahya-vega-
sakti-trayayakhila-dhi-gunaya
prapanna-palaya duranta-saktaye
kad-indriyanam anavapya-vartmane

TRADUCTION

O Seigneur, Tu es le maître d'une formidable puissance composée de trois sortes d'énergies. Tu apparais comme la source de tous les plaisirs des sens et comme le protecteur des âmes soumises. Tu possèdes une énergie illimitée, mais Tu ne Te laisses pas approcher par ceux qui se montrent incapables de dominer leurs sens. Je T'offre sans fin mon respectueux hommage.

TENEUR ET PORTEE

L'attachement, la cupidité et la concupiscence représentent trois forces extraordinaires qui empêchent l'être de se concentrer sur les pieds pareils-au-lotus de Dieu, la Personne Suprême. Ces forces agissent ainsi parce que le Seigneur n'aime pas Se révéler aux abhaktas ou aux athées. Cependant, quand on s'abandonne à Ses pieds pareils-au-lotus, ces obstacles disparaissent, et l'on peut alors réaliser Dieu, la Personne Suprême. Ainsi le Seigneur est-Il le protecteur des âmes soumises. On ne peut devenir un bhakta à moins de s'abandonner à Ses pieds pareils-au-lotus. Alors le Seigneur donne à l'être, en son for intérieur, l'intelligence grâce à laquelle il pourra retourner en sa demeure originelle, dans le royaume de Dieu.

VERSET 29

nayam veda svam atmanam
yac-chaktyaham-dhiya hatam
tam duratyaya-mahatmyam
bhagavantam ito smy aham

TRADUCTION

Je présente mon hommage respectueux à Dieu, la Personne Suprême. Par Son énergie d'illusion, le jiva, infime parcelle divine, oublie sa véritable identité, victime d'une conception corporelle de l'existence. Je cherche refuge en Dieu, la Personne Suprême, dont les gloires sont si difficiles à comprendre.

TENEUR ET PORTEE

Comme le mentionne la Bhagavad-gita, chaque être vivant —qu'il s'agisse d'un être humain, d'un deva, d'un animal, d'un oiseau, d'une abeille, ou de quoi que ce soit d'autre— est une partie intégrante de Dieu, la Personne Suprême. Le Seigneur et l'être vivant sont intimement liés comme père et fils. Malheureusement, à cause du contact avec la nature matérielle, l'âme individuelle oublie cela et désire jouir indépendamment de ce monde, selon ses propres idées. Il est très difficile de triompher de cette illusion (maya), qui enveloppe l'être vivant parce qu'il veut oublier Dieu, la Personne Suprême, et jouir à son idée du monde matériel. Tant que subsistera cette souillure, l'âme conditionnée sera incapable de comprendre son identité véritable et continuera perpétuellement, vie après vie, à être dans l'illusion. Ato grha-ksetra-sutapta-vittair janasya moho yam aham mameti (S.B., 5.5.8). Tant que l'être vivant n'est pas éclairé de façon à pouvoir comprendre sa position véritable, il sera attiré par la vie matérielle, par son foyer, son pays ou ses terres, ses relations, ses fils, sa famille, son compte en banque, etc. Ainsi obnubilé par toutes ces conceptions, il continuera de penser: "Je suis ce corps, et tout ce qui lui est relié m'appartient." Il est très difficile de se débarrasser de cette vision matérielle de l'existence, mais celui qui s'abandonne à Dieu, la Personne Suprême, comme le fit Gajendra, le roi des éléphants, atteindra l'illumination spirituelle, le niveau du Brahman.

brahma-bhutah prasannatma
na socati na kanksati
samah sarvesu bhutesu
mad-bhaktim labhate param

"Celui qui atteint le niveau transcendantal réalise du même coup le Brahman Suprême, et y trouve une joie infinie. Jamais il ne s'afflige, jamais il n'aspire à quoi que ce soit; il se montre égal envers tous les êtres. Celui-là obtient alors de Me servir avec une dévotion et un amour purs." (B.g., 18.54) Puisqu'un bhakta se situe complètement sur le plan du Brahman, il n'est jaloux d'aucun autre être vivant (samah sarvesu bhutesu).

VERSET 30

sri-suka uvaca
evam gajendram upavarnita-nirvisesam
brahmadayo vividha-linga-bhidabhimanah
naite yadopasasrpur nikhilatmakatvat
tatrakhilamara-mayo harir avirasit

TRADUCTION

Sri Sukadeva Gosvami poursuivit:

Lorsque le roi des éléphants décrivit l'autorité suprême, sans mentionner de personne particulière, il n'invoqua pas les devas, avec à leur tête Brahma, Siva, Indra et Candra. Par suite, aucun d'eux ne vint le trouver. Cependant, comme Sri Hari est l'Ame Suprême, ou Purusottama, la Personne Divine, Il apparut à Gajendra.

TENEUR ET PORTEE

D'après le contenu de ses prières, Gajendra cherchait apparemment à toucher l'autorité suprême, bien qu'il ne sût pas qui elle était. Il supposa qu'il existait une autorité suprême dominant tout. De ce fait, les différentes émanations du Seigneur, telles que Brahma, Siva, Candra et Indra, pensèrent toutes "Gajendra ne demande pas notre aide mais celle du Suprême, qui est au-dessus de nous tous". Comme l'a mentionné Gajendra, il existe différents êtres vivants, parcelles infinies du Seigneur; ce sont les devas, les êtres humains et les animaux, tous étant recouverts par des formes distinctes. Bien que les devas soient chargés de veiller sur différents aspects de l'univers, Gajendra estima qu'ils étaient incapables de le sauver. Harim vina naiva mrtim taranti: personne ne peut sauver qui que ce soit des dangers que représentent la naissance, la mort, la vieillesse et la maladie. Seul Dieu, la Personne Suprême, peut nous faire échapper aux dangers de l'existence matérielle. Aussi, une personne intelligente cherchant à se libérer de cette dangereuse existence, s'adressera à Dieu, la Personne Suprême, et non pas à un deva quel qu'il soit. La Bhagavad-gita (7.20) le confirme: kamais tais tair hrta-jnanah prapadyante nya-devatah —ceux qui ne sont pas intelligents s'adressent aux différents devasdevas ne peuvent sauver personne des dangers de l'existence matérielle. Comme les autres êtres vivants, les devas sont simplement des parties externes du Corps transcendantal de Dieu, la Personne Suprême. Comme le déclarent les mantras védiques, sa atma angany anya devatah. A l'intérieur du corps se trouve l'atma, l'âme, tandis que les différentes parties du corps, comme les mains et les jambes, sont externes. De même, l'atma de l'entière manifestation cosmique est Narayana, Sri Visnu, et tous les devas, les êtres humains et les autres êtres vivants représentent autant de parties de Son Corps. pour obtenir d'eux des bénéfices matériels temporaires. En fait, ces

On pourrait aussi en tirer la conclusion suivante: puisqu'un arbre vit grâce à ses racines et qu'en arrosant celles-ci on nourrit par là même toutes les parties de l'arbre, on devrait adorer Dieu, la Personne Suprême, qui est la racine originelle de toute chose. Bien que le Seigneur soit très difficile à approcher, Il est très près de nous car Il vit dans nos coeurs. Dès qu'Il comprend que l'on recherche Sa faveur par une soumission totale, naturellement Il réagit sur-le-champ. En conséquence, si les devas ne vinrent pas à l'aide de Gajendra, Dieu, Lui, apparut immédiatement en réponse à ses ferventes prières. Cela ne veut pas dire que les devas étaient en colère contre Gajendra, car, en fait, quand on adore Visnu, on vénère par là même tous les devas. Yasmin tuste jagat tustam: si Dieu, la Personne Suprême, est satisfait, tout le monde l'est aussi.

yatha taror mula-nisecanena
trpyanti tat-skandha-bhujopasakhah
pranopaharac ca yathendriyanam
tathaiva sarvarhanam acyutejya

"Tout comme en arrosant la racine d'un arbre, on en nourrit également le tronc, les branches, les rameaux et toutes les autres parties, et tout comme en donnant de la nourriture à l'estomac, on apporte ainsi force et énergie aux différents organes et parties du corps, le fait d'adorer Dieu, la Personne Suprême, par la pratique du service de dévotion, comble automatiquement les devas, qui font partie intégrante de la Personne Souveraine." (S.B., 4.31.14) Lorsque Dieu, la Personne Suprême, est adoré, tous les devas sont satisfaits.

VERSET 31

tam tadvad artam upalabhya jagan-nivasah
stotram nisamya divijaih saha samstuvadbhih
chandomayena garudena samuhyamanas
cakrayudho bhyagamad asu yato gajendrah

TRADUCTION

Comprenant la fâcheuse situation dans laquelle se trouvait Gajendra, qui Lui avait adressé des prières, Dieu, la Personne Suprême, Hari, qui demeure partout, apparut accompagné des devas, qui Lui offraient eux aussi des prières. Tenant Son disque et d'autres armes, Il arriva rapidement sur les lieux selon Son désir, porté par Garuda, Sa monture. C'est ainsi qu'Il apparut à Gajendra.

TENEUR ET PORTEE

Srila Visvanatha Cakravarti Thakura nous fait remarquer qu'alors que Gajendra se trouvait dans une situation critique et priait le Seigneur Suprême de lui accorder Sa miséricorde, les devas, qui auraient pu aller immédiatement à son secours, hésitèrent à le faire. Considérant que les prières de Gajendra s'adressaient au Seigneur, ils se sentirent offensés, ce qui constituait en soi une offense. En conséquence, quand le Seigneur Se rendit sur les lieux, ils vinrent également Lui offrir des prières pour se faire pardonner.

VERSET 32

so ntah-sarasy urubalena grhita arto
drstva garutmati harim kha upatta-cakram
utksipya sambuja-karam giram aha krcchran
narayanakhila-guro bhagavan namas te

TRADUCTION

Gajendra avait été saisi dans l'eau avec grande force par le crocodile et il en ressentait une douleur intense, mais quand il vit Narayana, brandissant Son disque, arriver dans le ciel sur le dos de Garuda, il prit immédiatement une fleur de lotus avec sa trompe, et avec beaucoup de difficulté vu sa douloureuse condition, il prononça les paroles suivantes: "O mon Seigneur, Narayana, maître de l'univers, ô Suprême Personne Divine, je T'offre mon respectueux hommage."

TENEUR ET PORTEE

Le roi des éléphants avait un désir si intense de voir Dieu, la Personne Suprême, que lorsqu'il L'aperçut dans le ciel, à grand-peine et avec une faible voix, il Lui présenta ses respects. Un bhakta ne considère pas une situation périlleuse comme vraiment dangereuse, car dans une telle situation il peut avec ferveur prier le Seigneur en grande extase. Ainsi le bhakta regarde-t-il le danger comme une circonstance favorable. Tat te nukampam susamiksa-manah. Quand un bhakta est vraiment en péril, il voit cela comme une manifestation de la miséricorde spéciale du Seigneur car il s'agit d'une bonne occasion de penser à Lui très sincèrement et avec une attention soutenue. Tat te nukampam susamiksamano bhunjana evatma-krtam vipakam. (S.B., 10.14.8) Il n'accuse pas Dieu, la Personne Suprême, d'avoir laissé Son dévot tomber dans une telle situation. Au contraire, il considère cette circonstance dangereuse comme le résultat de ses méfaits passés et y voit une occasion propice de prier le Seigneur et de Le remercier de lui avoir donné cette chance. Quand un bhakta vit de cette façon, son salut —son retour à Dieu, en sa demeure originelle— est garanti. Nous pouvons vérifier la véracité de cette assertion à partir de l'exemple de Gajendra, qui priait anxieusement le Seigneur et obtint ainsi une chance immédiate de retourner en sa demeure originelle, dans le royaume de Dieu.

VERSET 33

tam viksya piditam ajah sahasavatirya
sa-graham asu sarasah krpayojjahara
grahad vipatita-mukhad arina gajendram
sampasyatam harir amumucad ucchriyanam

TRADUCTION

Voyant la détresse de Gajendra, le Non-né, le Seigneur Suprême, Hari, témoignant de Sa miséricorde immotivée, descendit immédiatement du dos de Garuda et sortit de l'eau le roi des éléphants en même temps que le crocodile. Puis, en présence de tous les devas qui observaient la scène, le Seigneur trancha la gueule du crocodile avec Son disque. C'est ainsi qu'Il sauva Gajendra, le roi des éléphants. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le troisième chapitre du huitième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Les prières d'abandon de Gajendra".





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