jueves, 18 de febrero de 2010

SRIMAD-BHAGAVATAM CHANT 8 CHAPITRE 2

SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8
CHAPITRE 2


L'éléphant Gajendra dans
une situation dramatique.





RÉSUMÉ DU CHAPITRE


Les chapitres deux, trois et quatre du présent Chant racontent comment le Seigneur, sous le règne du quatrième Manu, accorda Sa protection au roi des éléphants. Comme le rapporte ce deuxième chapitre, Gajendra s'ébattait dans l'eau en compagnie de ses femelles, lorsque soudain un crocodile l'attaqua; l'éléphant s'abandonna alors aux pieds pareils-au-lotus de Dieu, la Personne Suprême, afin d'être protégé. Au milieu de l'océan de lait, il existe une montagne très belle et fort élevée; sa hauteur est de dix mille yojanas, soit cent trente mille kilomètres. On l'appelle Trikuta. Dans l'une de ses vallées se trouve un magnifique jardin nommé Rtumat, créé par Varuna; dans la même région s'étend un fort beau lac. Un jour, le chef des éléphants alla se baigner dans ce lac en compagnie de ses femelles, et ils en dérangèrent les hôtes. Pour cela, le chef des crocodiles, qui était très puissant, saisit immédiatement un des pieds de l'éléphant. Un grand combat s'ensuivit entre les deux animaux, et ce combat se prolongea pendant mille ans. Ni l'éléphant ni le crocodile ne moururent, mais comme ils étaient dans l'eau, peu à peu l'éléphant s'affaiblit, tandis que les forces du crocodile allèrent en augmentant. De la sorte, ce dernier se sentit de plus en plus encouragé. Alors, l'éléphant, réduit à l'impuissance et n'ayant d'autre recours pour être protégé, chercha refuge aux pieds pareils-au-lotus de Dieu, la Personne Suprême.

VERSET 1

sri-suka uvaca
asid girivaro rajams
trikuta iti visrutah
ksirodenavrtah sriman
yojanayutam ucchritah

TRADUCTION

Sukadeva Gosvami dit:

O roi, il existe une très grande montagne appelée Trikuta, haute de dix mille yojanas [cent trente mille kilomètres]. Elle s'élève, merveilleuse, au-dessus de l'océan de lait qui l'entoure.

VERSET 2-3

tavata vistrtah paryak
tribhih srngaih payo-nidhim
disah kham rocayann aste
raupyayasa-hiranmayaih

anyais ca kakubhah sarva
ratna-dhatu-vicitritaih
nana-druma-lata-gulmair
nirghosair nirjharambhasam

TRADUCTION

La longueur et la largeur de cette montagne sont toutes deux de cent trente mille kilomètres. Ses trois cimes principales, faites de fer, d'argent et d'or, embellissent le ciel et le paysage dans toutes les directions. Elle possède également d'autres sommets, où abondent pierres précieuses et minéraux, et qui sont décorés de beaux arbres, de plantes rampantes et grimpantes, et d'arbustes. Le bruit des cascades dévalant les pentes résonne agréablement. C'est ainsi que cette montagne ajoute à la beauté des lieux dans toutes les directions.

VERSET 4

sa cavanijyamananghrih
samantat paya-urmibhih
karoti syamalam bhumim
harin-marakatasmabhih

TRADUCTION

Sa base est toujours baignée par des vagues de lait qui produisent ainsi des émeraudes dans les huit directions [nord, sud, est, ouest, et les directions intermédiaires].

TENEUR ET PORTEE

Le Srimad-Bhagavatam nous enseigne qu'il existe divers océans. Il y a quelque part un océan de lait, ailleurs des océans de liqueur, de ghi, d'huile et d'eau douce. Ainsi l'univers compte-t-il toute une variété d'océans. Les savants modernes, dont l'expérience est limitée, ne peuvent contester ces affirmations; ils sont incapables de nous donner une information complète sur la moindre planète, y compris celle où nous vivons. Ce verset nous permet cependant de savoir que lorsque des vagues de lait arrosent les vallées d'une montagne, elles produisent alors des émeraudes. Personne ne peut imiter les oeuvres de la nature matérielle telles que les dirige le Seigneur Suprême.

VERSET 5

siddha-carana-gandharvair
vidyadhara-mahoragaih
kinnarair apsarobhis ca
kridadbhir justa-kandarah

TRADUCTION

Les habitants des planètes supérieures —les Siddhas, les Caranas, les Gandharvas, les Vidyadharas, les serpents, les Kinnaras et les Apsaras— se rendent sur cette montagne pour s'y divertir. Toutes les grottes y sont très fréquentées par ces hôtes célestes.

TENEUR ET PORTEE

Les habitants des systèmes planétaires supérieurs se rendent à l'océan de lait pour s'y divertir, tout comme les êtres humains vont s'amuser dans l'océan d'eau salée. Ils nagent dans l'océan de lait et se divertissent dans les grottes de la montagne Trikuta.

VERSET 6

yatra sangita-sannadair
nadad-guham amarsaya
abhigarjanti harayah
slaghinah para-sankaya

TRADUCTION

Lorsque les chants des hôtes célestes résonnent dans les grottes, les lions de l'endroit les prennent pour le rugissement d'un autre lion. Très fiers de leur force, ils se mettent alors à rugir, en proie à une jalousie incoercible.

TENEUR ET PORTEE

Il existe, sur les systèmes planétaires supérieurs, non seulement différents types d'êtres humains, mais également des animaux comme les lions et les éléphants. Il y a aussi des arbres, et le sol est fait d'émeraudes. Telle est la création de Dieu, la Personne Suprême. Srila Bhaktivinoda Thakura chante à cet égard: kesava! tuya jagata vicitra —"O Seigneur, ô Kesava, Ta création est pleine de couleurs et de variété." Les géologues, les botanistes et tous ceux qui se disent savants se perdent en conjectures sur les autres systèmes planétaires. Incapables de comprendre les diverses formes de vie présentes sur ces autres planètes, ils imaginent à tort qu'à part cette Terre toutes les planètes sont vides, inhabitées et pleines de poussière. Bien qu'ils ne puissent pas même estimer les variétés de formes de vie qui existent dans l'univers, ils sont très fiers de leur savoir, et les hommes de leur acabit les considèrent comme savants. Toutefois, le Srimad-Bhagavatam (2.3.19) déclare: sva-vid-vara-hostra-kharaih samstutah purusah pasuh —les dirigeants matérialistes sont glorifiés par des chiens, des porcs, des chameaux et des ânes, et eux-mêmes ne sont que des animaux plus puissants. On ne devrait pas se satisfaire de la connaissance donnée par un animal si puissant soit-il. Il faut plutôt acquérir le savoir auprès d'une personne parfaite comme Sukadeva Gosvami. Mahajano yena gatah sa panthah: il est de notre devoir de suivre les instructions des mahajanas. Ceux-ci sont au nombre de douze, et Sukadeva Gosvami est l'un d'entre eux.

svayambhur naradah sambhuh
kumarah kapilo manuh
prahlado janako bhismo
balir vaiyasakir vayam
(S.B., 6.3.20)

Vaiyasaki est un autre nom de Sukadeva Gosvami. Nous considérons tous ses dires comme autant de vérités. Telle est la connaissance parfaite.

VERSET 7

nanaranya-pasu-vrata-
sankula-drony-alankrtah
citra-druma-surodyana-
kalakantha-vihangamah

TRADUCTION

De nombreuses espèces d'animaux sauvages peuplent les vallées situées au bas de la montagne Trikuta et ajoutent à leur beauté. Diverses variétés d'oiseaux gazouillent doucement dans les arbres qui ornent les jardins entretenus par les devas.

VERSET 8

sarit-sarobhir acchodaih
pulinair mani-valukaih
deva-stri-majjanamoda-
saurabhambv-anilair yutah

TRADUCTION

La montagne Trikuta comporte de nombreux lacs et rivières, dont les bords sont couverts de petites pierres précieuses qui ressemblent à des grains de sable. L'eau y est aussi claire que le cristal, et quand les nymphes célestes s'y baignent, le parfum de leur corps se mêle à l'eau et à la brise, enrichissant ainsi l'atmosphère.

TENEUR ET PORTEE

Il existe, même dans le monde matériel, de nombreuses catégories d'êtres. Sur Terre, les êtres humains se parfument en général afin de masquer les mauvaises odeurs de leur corps; ici cependant, nous constatons que la senteur du corps des jeunes filles des planètes édéniques parfumait les rivières, les lacs, la brise et toute l'atmosphère de la montagne Trikuta. Vu la beauté déjà si grande de ces déesses, on devine que les jeunes filles de Vaikuntha ou celles de Vrndavana, les gopis, doivent, à plus forte raison, avoir des formes merveilleuses.

VERSET 9-13

tasya dronyam bhagavato
varunasya mahatmanah
udyanam rtuman nama
akridam sura-yositam

sarvato lankrtam divyair
nitya-puspa-phala-drumaih
mandaraih parijatais ca
patalasoka-campakaih

cutaih piyalaih panasair
amrair amratakair api
kramukair narikelais ca
kharjurair bijapurakaih

madhukaih sala-talais ca
tamalair asanarjunaih
aristodumbara-plaksair
vataih kimsuka-candanaih

picumardaih kovidaraih
saralaih sura-darubhih
drakseksu-rambha-jambubhir
badary-aksabhayamalaih

TRADUCTION

Dans une vallée de la montagne Trikuta se trouve un jardin qu'on appelle Rtumat. Lieu de divertissement des jeunes filles des planètes édéniques, il appartient au grand bhakta Varuna. En toutes saisons y poussent fleurs et fruits, parmi lesquels des mandaras, des parijatas, des patalas, des asokas, des campakas, des cutas, des piyalas, des panasas, des mangues, des fruits aigres appelés amratakas, des kramukas, des grenades, des madhukas, les fruits du palmier, les aristas, des kovidaras, du raisin, de la canne à sucre, des bananes, des jambus, des badaris, des aksas, des abhayas, et des amalakis; comme arbres, on y trouve des cocotiers, des dattiers, des tamalas, des asanas, des arjunas, des grands udumbaras, des plaksas, des banians, des santals, des saralas et des sura-darus; parmi les fleurs, la parijata, le kimsuka et le picumarda. Il y a également des mandaras, des patalas, des asokas et des campakas.

VERSET 14-19

bilvaih kapitthair jambirair
vrto bhallatakadibhih
tasmin sarah suvipulam
lasat-kancana-pankajam

kumudotpala-kahlara-
satapatra-sriyorjitam
matta-sat-pada-nirghustam
sakuntais ca kala-svanaih

hamsa-karandavakirnam
cakrahvaih sarasair api
jalakukkuta-koyasti-
datyuha-kula-kujitam

matsya-kacchapa-sancara-
calat-padma-rajah-payah
kadamba-vetasa-nala-
nipa-vanjulakair vrtam

kundaih kurubakasokaih
sirisaih kutajengudaih
kubjakaih svarna-yuthibhir
naga-punnaga-jatibhih

mallika-satapatrais ca
madhavi-jalakadibhih
sobhitam tira-jais canyair
nityartubhir alam drumaih

TRADUCTION

Dans ce jardin s'étend un très grand lac couvert de lotus d'or brillants et de fleurs telles que les kumudas, les kahlaras, les utpalas et les satapatras, qui tous contribuent à rehausser la beauté magnifique de la montagne. On y trouve également différents arbres, comme des bilvas, des kapitthas, des jambiras et des bhallatakas. Le bourdonnement des abeilles enivrées de miel se mêle aux chants très mélodieux des oiseaux. Le lac est peuplé de cygnes, de karandavas, de cakravakas, de grues, de bandes de poules d'eau, de datyuhas, de koyastis et d'autres oiseaux. Ses eaux sont parsemées du pollen tombé des lotus à cause des remous créés par les déplacements des poissons et des tortues. Des fleurs variées —kadambas, vetasas, nalas, nipas, vanjulakas, kundas, kurubakas, asokas, dirisas, kutajas, ingudas, kubjakas, svarna-yuthis, nagas, punnagas, jatis, mallikas, satapatras, jalakas et madhavi-latas —diverses espèces d'arbres qui portent fleurs et fruits en toutes saisons parent d'une façon splendide les bords de ce lac. La montagne est ainsi somptueusement embellie.

TENEUR ET PORTEE

Si l'on en juge par la description exhaustive des lacs et des rivières de la montagne Trikuta, il est clair que la Terre ne comporte aucun lieu qui puisse soutenir la comparaison avec sa splendeur extraordinaire. Sur d'autres planètes, cependant, de telles merveilles ne sont pas rares. Nous savons par exemple qu'il y a deux millions d'espèces d'arbres, qui ne sont pas toutes présentes sur la Terre. Le Srimad-Bhagavatam donne une connaissance complète de ce qui se passe dans l'univers. Et non seulement décrit-il cet univers, mais aussi le monde spirituel qui est au-delà. Nul ne peut contester l'autorité du Srimad-Bhagavatam quant à ses descriptions des mondes matériel et spirituel. Les tentatives de se rendre de la Terre à la Lune ont échoué, mais les habitants de notre planète peuvent néanmoins savoir ce qui se passe sur d'autres astres. Nul besoin d'imagination pour cela, puisqu'on peut puiser la connaissance authentique dans le Srimad-Bhagavatam et obtenir ainsi satisfaction.

VERSET 20

tatraikada tad-giri-kananasrayah
karenubhir varana-yutha-pas caran
sakantakam kicaka-venu-vetravad
visala-gulmam prarujan vanaspatin

TRADUCTION

Un jour, le roi des éléphants qui vivaient dans la forêt de la montagne Trikuta, se promenait au hasard près du lac, accompagné de ses femelles. Il écrasait de nombreuses plantes, lianes, fourrés et arbres, sans se soucier de leurs épines acérées.

VERSET 21

yad-gandha-matrad dharayo gajendra
vyaghradayo vyala-mrgah sakhadgah
mahoragas capi bhayad dravanti
sagaura-krsnah sarabhas camaryah

TRADUCTION

Tous les autres éléphants, les tigres et les autres animaux sauvages tels les lions, les rhinocéros, d'énormes serpents, des sarabhas blancs et d'autres noirs, ainsi que le cerf camari, s'enfuyaient apeurés, dès qu'ils percevaient l'odeur de cet éléphant.

VERSET 22

vrka varaha mahisarksa-salya
gopuccha-salavrka-markatas ca
anyatra ksudra harinah sasadayas
caranty abhita yad-anugrahena

TRADUCTION

Les animaux comme les renards, les loups, les buffles, les ours, les sangliers, les gopucchas, les porcs-épics, les singes, les lapins, une autre variété de cerf, et de nombreuses autres espèces de petits animaux pouvaient flâner ailleurs dans la forêt par la bienveillance de cet éléphant. Ils n'avaient pas peur de lui.

TENEUR ET PORTEE

Cet éléphant dominait la vaste majorité des animaux et, bien que ces derniers pussent se déplacer sans crainte, par respect ils ne restaient pas sur son chemin.

VERSET 23-24

sa gharma-taptah karibhih karenubhir
vrto madacyut-karabhair anudrutah
girim garimna paritah prakampayan
nisevyamano likulair madasanaih

saro nilam pankaja-renu-rusitam
jighran viduran mada-vihvaleksanah
vrtah sva-yuthena trsarditena tat
sarovarabhyasam athagamad drutam

TRADUCTION

Entouré des autres éléphants et des femelles, et suivi des plus jeunes, Gajapati, le chef des éléphants, faisait trembler la montagne Trikuta par le seul poids de son corps. Il transpirait, du suc s'égouttait de sa bouche, et sa vision était affectée par l'ivresse. Escorté par des abeilles qui recueillaient le miel de ses lèvres, il sentit de loin la poussière des lotus, transportée par la brise depuis le lac. Entouré de ses compagnons assoiffés, il arriva bientôt au bord de cette étendue d'eau.

VERSET 25

vigahya tasminn amrtambu nirmalam
hemaravindotpala-renu-rusitam
papau nikamam nija-puskaroddhrtam
atmanam adbhih snapayan gata-klamah

TRADUCTION

Le roi des éléphants pénétra dans le lac, se baigna complètement, et fut ainsi soulagé de sa fatigue. Ensuite, avec sa trompe, il but à satiété l'eau froide, claire et au goût de nectar, à laquelle se mêlait la poussière des lotus et des lys d'eau.

VERSET 26

sa puskarenoddhrta-sikarambubhir
nipayayan samsnapayan yatha grhi
ghrni karenuh karabhams ca durmado
nacasta krcchram krpano ja-mayaya

TRADUCTION

Tel un être humain dépourvu de savoir spirituel et trop attaché aux membres de sa famille, l'éléphant, sous l'illusion de l'énergie externe de Krsna, aspergeait ses femelles et ses petits, et leur faisait boire de l'eau. Il aspirait l'eau du lac avec sa trompe pour ensuite les arroser, sans se soucier des efforts que cela lui demandait.

VERSET 27

tam tatra kascin nrpa daiva-codito
graho baliyams carane rusagrahit
yadrcchayaivam vyasanam gato gajo
yatha-balam so tibalo vicakrame

TRADUCTION

O roi, obéissant aux desseins de la Providence, un puissant crocodile se mit en colère contre l'éléphant et saisit sa patte dans l'eau. L'éléphant était fort assurément, et il fit de son mieux pour échapper à ce danger envoyé par le destin.

VERSET 28

tathaturam yutha-patim karenavo
vikrsyamanam tarasa baliyasa
vicukrusur dina-dhiyo pare gajah
parsni-grahas tarayitum na casakan

TRADUCTION

Là-dessus, voyant Gajendra dans cette situation alarmante, ses femelles, consternées, se répandirent en lamentations. Les autres éléphants, désireux d'aider Gajendra, le tirèrent en arrière, mais ils ne purent lui être d'aucun secours car le crocodile était très vigoureux.

VERSET 29

niyudhyator evam ibhendra-nakrayor
vikarsator antarato bahir mithah
samah sahasram vyagaman mahi-pate
sapranayos citram amamsatamarah

TRADUCTION

O roi, l'éléphant et le crocodile furent ainsi aux prises pendant mille ans, se tirant l'un l'autre dans l'eau et en dehors de l'eau. Les devas furent stupéfaits d'assister à une telle lutte.

VERSET 30

tato gajendrasya mano-balaujasam
kalena dirghena mahan abhud vyayah
vikrsyamanasya jale vasidato
viparyayo bhut sakalam jalaukasah

TRADUCTION

Entraîné dans l'eau et combattant pendant de longues années, l'éléphant vit sa vigueur ainsi que sa force mentale et physique s'amenuiser. Le crocodile, au contraire, étant un animal aquatique, voyait s'accroître son ardeur, sa force et sa vigueur.

TENEUR ET PORTEE

Dans cette lutte qui opposait l'éléphant au crocodile, bien que l'éléphant fût très puissant, le fait qu'il fut dans l'eau, milieu étranger pour lui, pesait lourd dans la balance. Pendant les mille ans que dura la lutte, il ne put absorber aucune nourriture; en conséquence, sa force corporelle s'amenuisa, ce qui affaiblit également son mental et ses sens. Le crocodile, au contraire, étant un animal aquatique, n'éprouvait aucune difficulté. Il avait de quoi se nourrir et gagnait ainsi force mentale et stimulation des sens. Il devenait de plus en plus puissant, alors que l'éléphant s'affaiblissait. Nous pouvons tirer la leçon suivante de cette histoire: dans la lutte qui nous oppose à maya, nous ne devrions pas être dans une situation où notre force, notre enthousiasme et nos sens ne nous sont d'aucun secours pour nous battre avec vigueur. Notre Mouvement pour la Conscience de Krsna a en fait déclaré la guerre à l'énergie d'illusion dans laquelle croupissent tous les êtres vivants qui se méprennent sur la véritable nature d'une civilisation. Les combattants du Mouvement pour la Conscience de Krsna doivent toujours avoir de la force physique, de l'enthousiasme et des sens alertes. Pour rester en bonne condition, ils doivent donc vivre dans une situation normale. Or, cette norme n'est pas la même pour tous; telle est la raison de l'existence des divisions du varnasramabrahmanas, ksatriyas, vaisyas, sudras, brahmacarya, grhastha, vanaprastha et sannyasa. Dans le présent âge, le kali-yuga, il est recommandé que personne ne devienne sannyasi.

asvamedham gavalambham
sannyasam pala-paitrkam
devarena sutotpattim
kalau panca vivarjayet
(Brahma-vaivarta Purana)

Ce verset nous indique que le sannyasa-asrama est interdit dans l'âge où nous vivons, car les gens n'ont pas suffisamment de force spirituelle. Sri Caitanya Mahaprabhu embrassa l'ordre du renoncement à l'âge de vingt-quatre ans afin de nous servir d'exemple, mais même Sarvabhauma Bhattacarya Lui conseilla d'être extrêmement prudent du fait qu'Il avait entrepris cette démarche si jeune. Pour la prédication, nous accordons l'ordre du sannyasa à des hommes jeunes, mais en fait nous voyons qu'ils ne sont pas prêts pour cet asrama. Il n'y a pas de mal, cependant, à penser que l'on n'est pas mûr pour le sannyasa; si le désir sexuel est très fort, on devrait alors opter pour l'asrama où les rapports sexuels sont autorisés, c'est-à-dire le grhastha-asrama. Ce n'est pas parce que l'on s'est révélé très faible dans une situation donnée que l'on doit cesser de combattre le crocodile de maya; il faut plutôt chercher refuge aux pieds pareils-au-lotus de Krsna, comme nous verrons Gajendra le faire, et en même temps vivre en grhastha si les rapports sexuels nous satisfont. Il ne faut pas abandonner la lutte. C'est pourquoi Sri Caitanya Mahaprabhu recommanda: sthane sthitah sruti-gatam tanu-vanmanobhih. On peut rester dans l'asrama qui nous convient le mieux; il n'est pas essentiel d'embrasser l'ordre du renoncement. Celui qui est troublé par le désir sexuel peut entrer dans le grhastha-asrama; mais il doit continuer la lutte. Embrasser l'ordre du renoncement alors que l'on n'est pas parvenu au niveau transcendantal n'est guère méritoire. Si le sannyasa ne convient pas, on peut alors opter pour le grhastha-asrama et combattre maya avec beaucoup de force. Mais on ne devrait pas abandonner le combat et partir.

VERSET 31

ittham gajendrah sa yadapa sankatam
pranasya dehi vivaso yadrcchaya
aparayann atma-vimoksane ciram
dadhyav imam buddhim athabhyapadyata

TRADUCTION

Quand le roi des éléphants vit que, par le dessein de la Providence, il se trouvait à la merci du crocodile et qu'il ne pouvait échapper au danger qui le menaçait, étant revêtu d'un corps matériel et réduit à l'impuissance en la circonstance, il eut très peur d'être tué. Il se mit alors à réfléchir longuement et en vint finalement à la décision suivante.

TENEUR ET PORTEE

Dans l'univers matériel, tout le monde lutte pour vivre. Chacun essaie d'échapper au danger; cependant, lorsque quelqu'un se trouve sans recours, s'il est pieux, il cherche alors à se réfugier aux pieds pareils-au-lotus de Dieu, la Personne Suprême. Ceci est confirmé dans le verset suivant de la Bhagavad-gita (7.16):

catur-vidha bhajante mam
janah sukrtino rjuna
arto jijnasur artharthi
jnani ca bharatarsabha

Quatre sortes d'hommes pieux —celui qui est en danger, celui qui a besoin d'argent, celui qui est en quête du savoir, et l'homme curieux— se tournent vers Dieu, la Personne Suprême, afin d'être sauvés ou de progresser. Le roi des éléphants, qui était en danger, décida de chercher refuge aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur. Après avoir longuement réfléchi, il prit la bonne décision, faisant ainsi preuve d'intelligence. Un homme souillé par le péché ne peut arriver à une telle décision. La Bhagavad-gita déclare donc que ceux qui sont pieux (sukrti) peuvent, lorsqu'ils sont en danger ou dans une situation délicate, décider de se réfugier aux pieds pareils-au-lotus de Krsna.

VERSET 32

na mam ime jnataya aturam gajah
kutah karinyah prabhavanti mocitum
grahena pasena vidhatur avrto
py aham ca tam yami param parayanam

TRADUCTION

Ni les autres éléphants, ni mes amis, ni mes parents n'ont pu me soustraire au danger. Quant à mes compagnes, à plus forte raison elles ne peuvent rien faire pour moi. C'est par la volonté de la Providence que j'ai été attaqué par ce crocodile; je vais donc chercher refuge en Dieu, la Personne Suprême, qui donne toujours asile à tous les êtres, y compris aux grandes personnalités.

TENEUR ET PORTEE

Dans le monde matériel, le danger est présent à chaque pas: padam padam yad vipadam. L'insensé se croit heureux dans le monde matériel, mais en fait il ne l'est pas; celui qui pense ainsi n'est qu'en proie à l'illusion. Le danger nous guette à chaque pas, à chaque instant. Dans la civilisation moderne, on pense que sa vie est parfaite si l'on possède une belle maison et une belle voiture. En Occident, et tout particulièrement en Amérique, il est très agréable de posséder une bonne voiture, mais le danger apparaît dès que l'on prend la route, car à chaque instant un accident mortel peut survenir. Les statistiques montrent effectivement que beaucoup de gens meurent dans ces accidents. Penser que ce monde matériel est un lieu de bonheur relève donc de l'ignorance. Connaître véritablement le monde matériel, c'est savoir qu'il abonde en dangers. Nous pouvons toujours nous démener dans cette lutte pour la vie autant que notre intelligence nous le permet et essayer de veiller sur nos personnes, en fin de compte, à moins que Dieu, la Personne Suprême, Krsna, ne nous sauve du danger, nos efforts seront vains. C'est pourquoi Prahlada Maharaja dit:

balasya neha saranam pitarau nrsimha
nartasya cagadam udanvati majjato nauh
taptasya tat-pratividhir ya ihanjasestas
tavad vibho tanu-bhrtam tvad-upeksitanam
(S.B., 7.9.19)

Nous pouvons inventer toutes sortes de moyens d'atteindre au bonheur ou d'échapper aux dangers du monde matériel, mais tout cela ne nous apportera jamais le bonheur si nos efforts ne sont pas approuvés par Dieu, la Personne Suprême. Ceux qui veulent être heureux sans chercher refuge en Dieu, la Personne Suprême, sont des mudhas, des scélérats. Na mam duskrtino mudhah prapadyante naradhamah. Les plus déchus d'entre les hommes refusent d'adopter la conscience de Krsna car ils estiment être capables de se protéger sans la bienveillance de Krsna. C'est en cela qu'ils se trompent. Gajendra, le roi des éléphants, sut prendre la bonne décision. Dans une situation aussi périlleuse, il chercha refuge en Dieu, la Personne Suprême.

VERSET 33

yah kascaneso balino ntakoragat
pracanda-vegad abhidhavato bhrsam
bhitam prapannam paripati yad-bhayan
mrtyuh pradhavaty aranam tam imahi

TRADUCTION

Certes, tout le monde ne connaît pas Dieu, la Personne Suprême, mais Il n'en est pas moins très puissant et influent. Aussi, bien que le serpent du temps éternel, d'une force redoutable, poursuive sans fin tous les êtres afin de les engloutir, celui qui cherche refuge en Dieu, la Personne Suprême, sera protégé contre ce serpent car la mort elle-même s'enfuit par crainte du Seigneur. Je m'abandonne donc à Lui, cette puissante autorité suprême qui représente le véritable refuge de tous.

TENEUR ET PORTEE

L'homme intelligent comprend qu'au-dessus de tout se trouve une autorité suprême et puissante. Celle-ci se manifeste en ce monde sous la forme de divers avataras afin de mettre un terme aux maux infligés aux innocents. La Bhagavad-gita (4.8) confirme que le Seigneur vient ici-bas sous la forme de divers avataras pour deux raisons: éliminer les duskrtis, ceux qui sont souillés par le péché, et protéger Ses dévots (paritranaya sadhunam vinasaya ca duskrtam). Le roi des éléphants décida de s'abandonner à Lui: voilà une preuve d'intelligence. On doit connaître Dieu, cette puissante Personne Suprême et s'abandonner à Lui. Le Seigneur vient personnellement afin de nous montrer comment trouver le bonheur, et seuls les gens stupides et pécheurs n'ont pas l'intelligence de reconnaître cette autorité suprême, la Personne Suprême. Il est dit dans les sruti-mantras:

bhisasmad vatah pavate
bhisodeti suryah
bhisasmad agnis candras ca
mrtyur dhavati pancamah
(Taittiriya Upanisad 2.8)

C'est par peur de Dieu, la Personne Suprême, que le vent souffle, que le Soleil répand chaleur et lumière, et que la mort poursuit tous les êtres. La Bhagavad-gita (9.10) confirme qu'au-dessus de tout se trouve un maître suprême: mayadhyaksena prakrtih suyate sacaracaram. Si la manifestation cosmique fonctionne si bien, c'est grâce à Lui. En conséquence, tout individu intelligent peut comprendre qu'il existe un maître suprême qui dirige tout. De plus, Il apparaît en tant que Sri Krsna, Sri Caitanya Mahaprabhu et Sri Ramacandra afin de nous instruire et de nous montrer par l'exemple comment nous abandonner à Dieu, la Personne Suprême. Néanmoins, les duskrtis, les plus déchus d'entre les hommes, ne s'abandonnent pas à Lui (na mam duskrtino mudhah prapadyante naradhamah).

Le Seigneur dit clairement dans la Bhagavad-gita: mrtyuh sarva-haras caham —"Je suis la mort qui tout dévore." Mrtyu, la mort, représente donc le Seigneur et enlève tout à l'être vivant qui a revêtu un corps matériel. Nul ne peut dire "Je n'ai pas peur de la mort". Cela est faux: tout le monde a peur de la mort. Néanmoins, celui qui cherche refuge en Dieu, la Personne Suprême, peut y échapper. On pourrait certes objecter que le bhakta meurt également. Assurément, le bhakta doit lui aussi quitter son corps, car ce dernier est matériel. Cependant, pour celui qui s'abandonne pleinement à Krsna et qui est protégé par Krsna, ce présent corps est le dernier; le bhakta ne recevra plus de corps matériel sujet à la mort. C'est là ce que certifie la Bhagavad-gita (4.9): tyaktva deham punar janma naiti mam eti so rjuna —le bhakta, après avoir quitté son corps, ne revêt plus de corps matériel, mais retourne à Dieu, en sa demeure originelle. Nous sommes toujours en danger, car la mort peut survenir à tout moment. Gajendra, le roi des éléphants, n'était pas le seul à avoir peur de la mort. Tout le monde devrait la craindre, car chacun est à la merci du crocodile du temps éternel et peut mourir à tout instant. La meilleure chose à faire est donc de chercher refuge en Krsna, Dieu, la Personne Suprême, et d'échapper à la lutte pour la vie en ce monde matériel, où naissance et mort se succèdent de façon répétée. Le but ultime de la vie est de comprendre ces vérités.

Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le deuxième chapitre du huitième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "L'éléphant Gajendra dans une situation dramatique".




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